Zurich La salle historique du Schauspielhaus ne sera pas détruite

bu, ats

12.3.2022 - 10:56

Une large majorité du Parlement de la ville de Zurich a refusé mercredi soir de détruire la salle historique du Schauspielhaus. Il n'a pas voulu remplacer cette salle emblématique de la résistance au nazisme par un bâtiment moderne.

La modernisation du Schauspielhaus crée le débat à Zurich.
La modernisation du Schauspielhaus crée le débat à Zurich.
ATS

12.3.2022 - 10:56

C'est un pan important de la mémoire du théâtre européen du 20e siècle, qui sera conservé. Le Schauspielhaus de Zurich, c'est 130 ans d'histoire, sauvés par le Parlement de la ville, qui a rejeté le plan de reconstruction proposé par la mairie et le conseil d'administration.

«Pour la majorité des députés, c'était clair», a dit le conseiller communal zurichois Stefan Urech sur les ondes de la RTS vendredi au 12:45. On aurait pu mettre une plaquette commémorative sur le nouveau bâtiment. Mais ce n'est pas la même chose que de pouvoir s'asseoir dans le lieu historique et de s'en imprégner.»

Refuge pour de nombreux artistes allemands

Durant la 2e Guerre mondiale, la scène devient refuge pour de nombreux artistes allemands, qui ont fui le régime d'Hitler. Elle est considérée comme la seule scène de langue allemande encore libre pendant l'époque nazie

Bertold Brecht y créera plusieurs pièces comme «Mère courage et ses enfants» en 1941. Suivent en 1943 «La bonne âme du Se-Tchuan» et «La vie de Galilée», peut-on lire dans le livre de Peter Michalzik, écrit pour les 100 ans de l'Union des théâtres suisses.

Frisch et Dürrenmatt au Pfauen

Max Frisch et Friedrich Dürrenmatt ont tous deux rencontré Brecht lors de son séjour en Suisse. Ils créeront ensuite à leur tour dans les années 50 de nombreuses pièces sur la scène dite du Pfauen.

A une exception près -"Tryptique» mise en scène à Lausanne en 1979 par Michel Soutter- , le Schauspielhaus a présenté toutes les pièces de Frisch en première mondiale. Friedrich Dürrenmatt, qui a 10 ans de moins que Frisch, verra sa première pièce jouée sur cette scène, les «Fous de Dieu», en 1947. Un quart de siècle plus tard en 1972, il refusera la direction du théâtre zurichois.

Pour conserver ce lieu historique, trois comités citoyens se sont formés . «A Zurich, il y a très peu de sites d'importance internationale», a dit Matthias Ackeret du Comité «Rettet den Pfauen». Nous avons la Cathédrale, liée au réformateur Ulrich Zwingli et la salle du Pfauen: cela fait partie de l'ADN de la ville».

«Des metteurs en scène refusent de venir»

De son côté, le conseil d'administration du Théâtre met en garde. «Il faut être clair: on ne peut pas faire de ce théâtre un musée tout en continuant à y jouer un théâtre de premier rang, a relevé Beate Eckardt, vice-présidente du Schauspielhaus, toujours sur la RTS. Il y a déjà des metteurs en scène qui refusent de venir à Zurich à cause des possibilités limitées du Pfauen».

Dans un communiqué, le conseil d'administration de la Schauspielhaus a fait part de sa déception. «La variante choisie, à savoir un léger assainissement, aura pour conséquence que le public devra s'accommoder à l'avenir de conditions acoustiques et visuelles insatisfaisantes», estime-t-il.

Zurich a déjà une grande salle de théâtre polyvalente, le Schiffbau. Mais celle-ci ne peut plus être utilisée que ponctuellement par le Schauspielhaus, car la salle à défaut d'être rentable doit être louée à des tiers afin que la ville rentre dans ses frais.

Ces «interventions douces» coûteront tout de même plus de 100 millions de francs. Les électeurs devront encore approuver cette transformation.

bu, ats