Selon une étude La SSR n'évince pas les médias d'information privés

me, ats

21.10.2024 - 12:05

La majorité de la population suisse n'utilise pas les offres d'informations de la SSR de manière exclusive, mais plutôt en complément de celles des médias privés. La SSR n'évince donc pas les médias privés, selon une étude du Centre de recherche sur le public et la société (fög). Médias suisses, l'association des éditeurs, remet «résolument» en question les conclusions du fög.

La majorité de la population suisse n'utilise pas les informations de la RTS et de SRF de manière exclusive, mais en complément des médias privés, selon une étude du Centre de recherche sur le public et la société (fög) de l'Université de Zurich (photo symbolique).
La majorité de la population suisse n'utilise pas les informations de la RTS et de SRF de manière exclusive, mais en complément des médias privés, selon une étude du Centre de recherche sur le public et la société (fög) de l'Université de Zurich (photo symbolique).
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Keystone-SDA, me, ats

Les personnes qui s'informent par le biais de la RTS ou de SRF consomment plus fréquemment les médias destinés aux pendulaires, la presse à sensation et les médias par abonnement que celles qui ne consultent pas les contenus de la SSR. C'est ce que le fög de l'Université de Zurich a indiqué lundi lors de la présentation des Annales 2024 sur la qualité des médias.

Selon l'étude, les utilisateurs de la SSR consomment plus souvent des médias à abonnement hors ligne et en ligne (61 %) que ceux qui n'utilisent pas les offres d'informations de la SSR (38 %). Les médias pour pendulaires et à sensation sont également plus fréquemment consommés par les utilisateurs de la SSR sur tous les canaux (75 %) que par les non-utilisateurs (58 %).

Seulement 4 % des personnes interrogées consomment exclusivement les actualités en ligne de la SSR. C'est nettement inférieur à la proportion de personnes qui n'utilisent en ligne que les médias pendulaires et à sensation (26 %) ou les médias par abonnement (8 %), constate le fög.

Pression extérieure

L'idée que les médias publics concurrencent les médias privés «s'avère infondée». «La pression sur les médias d'information suisses vient surtout de l'extérieur, à savoir les plateformes technologiques mondiales qui captent une grande partie des revenus publicitaires en ligne», selon Mark Eisenegger, directeur du fög.

Le fög recommande de développer la coopération entre les médias publics et privés. Ce rapprochement permettra de contrer les plateformes technologiques et de renforcer les médias suisses face aux fournisseurs d'intelligence artificielle (IA) tout en favorisant le développement d'innovations pour l'ensemble du secteur.

L'étude montre que la part des personnes «indigentes en matière d'information», dont la consommation d'actualités est inférieure à la moyenne, est de 46 % en 2024, un record. Ce sont 3 points de pourcentage de plus que l'année précédente.

Qualité «globalement bonne»

Les analyses menées par le fög montrent que la qualité des médias suisses reste «globalement bonne», malgré une légère baisse par rapport à l'année précédente. «Les médias suisses n'ont pas de problème de qualité, mais de pénétration, car de plus en plus de Suisses consomment peu ou pas d'informations», souligne Mark Eisenegger.

Selon le fög, les personnes interrogées dans le cadre de l'étude font le plus confiance aux émissions d'informations de la SSR, avec une note de 7 sur 10. Viennent ensuite Le Temps (6,8 sur 10) et la NZZ (6,6).

En raison de la situation financière tendue, on assiste à une «concentration croissante des contenus médiatiques», c'est-à-dire à l'utilisation multiple d'articles identiques. Cette utilisation multiple a aussi fortement augmenté dans les informations régionales, qui avaient été épargnées jusqu'à présent par ce phénomène, souligne le fög.

Etude jugée «insuffisante»

L'association des éditeurs Médias suisses estime que l'étude sur le rôle de la SSR sur le marché des médias «est insuffisante et ne répond pas à des questions centrales». Médias suisses «remet donc résolument en question les conclusions de l'étude», écrit l'association dans un communiqué.

Le fait que les utilisateurs de la SSR utilisent davantage les offres des médias privés que les non-utilisateurs «ne prouve pas qu'il n'y a pas d'éviction par l'offre en ligne de la SSR». Il faudrait plutôt étudier comment le comportement d'utilisation changerait s'il n'y avait pas d'offre en ligne gratuite de la SSR, indique Médias suisses.

Deux analyses de marché, l'une allemande et l'autre autrichienne, montrent «bel et bien les effets négatifs des offres d'information en ligne de droit public, similaires à celles de la presse, sur l'utilisation des offres d'informations payantes des médias privés», selon Médias suisses. Ces conclusions peuvent être transposées à la Suisse, estime l'association.

L'association Médias suisses «demande que les activités en ligne de la SSR soient limitées à tous les niveaux». Les effets «négatifs» sur les médias privés «mettent en danger le système dual qui a fait ses preuves» et doivent être pris en compte «de toute urgence dans le débat à venir sur le mandat de la SSR».