Trois lacs, la forêt, de l'air: à Fuzine, à vingt minutes de route des plages du nord de l'Adriatique et leur chaleur écrasante, le tourisme croate commence une nouvelle page.
«Le lieu est sublime, le climat génial», s'enthousiasme Gerald Bostwick, un visiteur américain venu se ressourcer après quelques jours en bord de mer à Split. «Je préfère rester ici», assure ce retraité originaire de Denver, qui énumère les avantages : «Il y a une douce brise, on dort bien, les températures sont plus douces».
Dans cette région croate, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale Zagreb, les forêts recouvrent plus de 60% du territoire. De quoi gagner le surnom de «Suisse croate».
L'économie locale dépend encore en grande partie du bois. Le climat y est marqué par des hivers enneigés et des étés qui plafonnent à 30°C degrés la journée et des nuits fraîches.
Sur la côte, c'est le contraire. Le millier d'îles aux plages idylliques a connu déjà deux canicules depuis juin et des températures flirtant avec les 40°C degrés le jour et retombant péniblement sous les 25°C la nuit. Même les bains de mer ne suffisent pas pour se rafraîchir : la température de l'eau a atteint dès mi-juillet 29°C dans le sud.
Potentiel
Fuzine fait donc figure d'alternative: à seulement une trentaine de kilomètres de la ville balnéaire de Rijeka, les voyageurs peuvent bronzer sur les plages puis se réfugier à l'ombre en montagne. «On va sur la côte, on se baigne, et on revient», explique Zeljko Maric, un économiste à la retraite de Zagreb. «Et ici, on a besoin d'une couverture la nuit !»
«Nous avons une superbe symbiose de la mer et de la montagne», confirme Silvija Sobol, directrice de l'office du tourisme local, convaincue que «très peu de pays en Europe ont ça».
L'an dernier, plus de 50.000 touristes ont visité la région de Gorski Kotar où se trouve Fuzine. Principalement des Allemands, des Italiens, des Hollandais et des Français. Une goutte d'eau par rapport aux 20 millions de touristes qui déferlent chaque année en Croatie.
Mais l'arrivée de touristes poussés loin des côtes par le réchauffement climatique pourrait offrir un nouvel avenir à toute la région. «Le potentiel est là», explique Mme Sobol, tout en insistant sur la nécessité de le développer «de façon intelligente, sans abimer l’environnement, ni toucher aux forêts ni menacer notre identité»
David Bregovac, le maire de Fuzine, imagine déjà des campings et de nouveaux restaurants aux bords des lacs mais assure: «Notre objectif ? Le moins de béton possible».
La formule semble fonctionner. Ales Zidek, venu de République tchèque avec sa petite amie, s'extasie : «C'est magnifique !» Le jeune couple a ensuite prévu d'aller sur l'île de Krk, à quelques dizaines de kilomètres mais redoute déjà la chaleur.
Pour les habitants qui louent des appartements, c'est une nouvelle manne et une incitation à monter en gamme: piscines, équipements plus modernes, etc. «Le tourisme ici ne doit pas se transformer en tourisme de masse», estime Alenka Kauzlaric, propriétaire d'un meublé loué dans le village et qui estime que la destination a plus à offrir que de simples baignades.
«Il y a un vrai potentiel ici», reprend M. Bostwick, le retraité américain. «Mais est-ce qu'ils veulent vraiment voir tous les touristes débarquer ici, c'est ça la question !»