Syrie Lafarge/Syrie: les faits reprochés ont été cachés à Holcim

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1.12.2021 - 19:54

Les faits reprochés par la justice française à Lafarge sur ses activités en Syrie ont été «cachés» à Holcim pendant le processus de fusion avec le cimentier français, a affirmé mercredi le géant des matériaux de construction.

Image d'illustration 
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KEYSTONE/Christian Beutler

1.12.2021 - 19:54

La justice française a auditionné pour la seconde fois, lundi dernier, des représentants de Lafarge, représentés par le président de Holcim, Beat Hess, a indiqué le groupe zougois dans un communiqué.

«Les faits invoqués concernant Lafarge SA ont été cachés au conseil d'administration de Holcim lors de la fusion (avec Lafarge) en 2015», a souligné le groupe, estimants qu'ils allaient «à l'encontre des valeurs» de la société. Selon M. Hess, les accusations à l'encontre de Lafarge sont «choquantes et horrifiantes».

Holcim a rappelé avoir mandaté une enquête indépendante sur les faits survenus en Syrie, où la filiale Lafarge Cement Syria est accusée d'avoir collaboré avec le groupe terroriste Etat islamique (EI). «Toutes les personnes sous enquête ne travaillent plus pour le groupe», a ajouté l'entreprise, précisant que les faits reprochés s'étaient produits avant la fusion entre les deux sociétés.

Dans une information judiciaire ouverte en juin 2017, Lafarge SA est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS), près de 13 millions d'euros à des groupes terroristes, dont l'EI, et à des intermédiaires, afin de maintenir l'activité de son site en Syrie alors que le pays s'enfonçait dans la guerre.

Le groupe est également suspecté d'avoir vendu du ciment de l'usine à l'EI et d'avoir payé des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de factions jihadistes.

Un rapport interne avait mis en lumière des remises de fonds de LCS à des intermédiaires pour négocier avec des «groupes armés». Mais Lafarge SA a toujours contesté toute responsabilité dans la destination de ces versements à des organisations terroristes.

Début septembre, la Cour de cassation a décidé de renvoyer devant la cour d'appel de Paris le débat sur la mise en examen de Lafarge pour «complicité de crimes contre l'humanité» dans l'enquête sur ses activités en Syrie jusqu'en 2014. La plus haute juridiction de l'ordre judiciaire a invalidé la décision de la chambre de l'instruction d'annuler ces poursuites.

Elle a également cassé la décision de la cour d'appel de maintenir la mise en examen du groupe pour «mise en danger de la vie d'autrui» et renvoyé ces deux questions devant la chambre de l'instruction, dans une composition différente, afin qu'elle se prononce à nouveau. La Cour a en revanche confirmé la mise en examen du cimentier pour «financement du terrorisme».

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