Santé Le «binge drinking» dangereux après un infarctus

uc, ats

4.3.2024 - 14:42

Les personnes qui pratiquent le «binge drinking» dans l’année qui suit un infarctus du myocarde, présentent un risque deux fois plus élevé de souffrir d’un autre évènement cardiovasculaire majeur. En revanche, celles qui consomment régulièrement de l’alcool modérément ne présentent pas ce même risque, selon une étude genevoise.

La consommation hebdomadaire régulière d’alcool, qu’elle soit modérée ou légère, ne semble pas associée à une élévation du risque.
La consommation hebdomadaire régulière d’alcool, qu’elle soit modérée ou légère, ne semble pas associée à une élévation du risque.
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«Dans le cadre de la prévention cardiovasculaire secondaire après un infarctus du myocarde, il n’existe pas de recommandations claires sur la quantité d’alcool autorisée», indique Elena Tessitore, des Hôpitaux universitaires et de l’Université de Genève (HUG/UNIGE), première auteure de l'étude, citée lundi dans un communiqué des deux institutions.

L’étude montre que ce n’est pas la fréquence, mais la quantité d’alcool ingérée lors d’un épisode qui est associée à un pronostic plus défavorable. En d’autres termes, la pratique du binge drinking dans l’année qui suit un infarctus du myocarde est à éviter, selon ces travaux publiés dans la revue European Journal of Preventive Cardiology.

Les épisodes de consommation excessive, même s’ils surviennent moins d’une fois par mois, sont associés à un risque deux fois plus élevé de décès, d’infarctus du myocarde ou d’AVC.

Plus risqué pour les femmes

«Nos résultats montrent que dans le groupe de «binge drinking», le risque d’événements cardiovasculaires majeurs est même plus important chez les femmes que chez les hommes. En raison des différences dans la structure corporelle, l’effet de l’alcool sur les femmes peut être encore plus sérieux», relève la cardiologue.

En revanche, la consommation hebdomadaire régulière d’alcool, qu’elle soit modérée ou légère, ne semble pas associée à une élévation du risque.

Pour cette étude, les cardiologues ont examiné les données de personnes ayant été hospitalisées dans l’un des quatre hôpitaux universitaires de Suisse (GE/VD/BE/ZH) après un infarctus. Au total, 6557 personnes ont été suivies pendant 12 mois et les données sur leurs consommations hebdomadaires d’alcool ont été recueillies.

L’équipe a répertorié les événements cardiovasculaires indésirables majeurs survenus chez ces personnes, à savoir des décès cardiaques, des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux et les interventions de revascularisation coronarienne ciblées.

Elle a ensuite comparé ces événements avec les habitudes de consommation individuelles selon cinq profils: consommation importante (plus de 14 unités d’alcool par semaine), modérée (7 à 14 unités), légère (moins d’une unité), abstinence (0 unité) et consommation de six unités ou plus d’alcool en une occasion ("binge drinking").

Selon les auteurs, cette étude amène des indications claires qui feront indéniablement évoluer la prévention dans ce domaine. «Il est désormais essentiel d’investiguer la pratique du «binge drinking» après un infarctus du myocarde, car ce comportement est à haut risque», conclut Elena Tessitore.