Le chanteur belge Arno est décédé samedi, a annoncé son agent Filip De Groote. Il luttait contre un cancer du pancréas depuis la fin 2019. Il aurait eu 73 ans dans un mois.
Arno sur la scène du Paléo Festival en 2015 (archives).
Le chanteur belge Arno lors d'un concert à Paris au théâtre Trianon le 11 février 2020
Le chanteur belge Arno, décédé à l'âge de 72 ans, lors d'un concert à Paris le 11 février 2020
Dècès du chanteur belge Arno à l'âge de 72 ans - Gallery
Arno sur la scène du Paléo Festival en 2015 (archives).
Le chanteur belge Arno lors d'un concert à Paris au théâtre Trianon le 11 février 2020
Le chanteur belge Arno, décédé à l'âge de 72 ans, lors d'un concert à Paris le 11 février 2020
Connu pour sa voix cassée mâtinée d'un accent flamand, sa chevelure en bataille et ses excès, Arno était parfois comparé à Alain Bashung ou Tom Waits, de la même génération que lui. Il a marqué de son empreinte la scène musicale belge et internationale avec des reprises et des chansons comme «Les Filles du bord de mer» ou encore «Putain putain».
Il avait annoncé en février 2020 souffrir d'un cancer du pancréas.
Né à Ostende, Arno Hintjens résidait depuis les années 80 à Bruxelles, dont il avait été fait citoyen d'honneur.
«Putain, putain c’était vachement bien. Arno nous a quitté ce 23 avril. Il va nous manquer à tous, sa famille, ses amis, ses musiciens mais il sera toujours là grâce à la musique qui l'a fait tenir jusqu'au bout», a écrit son agent belge Filip De Groote dans un communiqué.
Né le 21 mai 1949 à Ostende, ville côtière flamande à laquelle il est resté très attaché et qu'il évoque dans ses chansons, Arno Hintjens avait débuté sa carrière au sein du groupe rock TC Matic dans les années 80, avec notamment la chanson «Putain, putain» - un titre repris récemment en duo avec un autre Belge, Stromae.
C'est en solo qu'il s'était ensuite révélé à un plus large public, grâce à des chansons comme «Les yeux de ma mère» ou sa reprise des «Filles du bord de mer» d'un autre Belge, Adamo.
L'annonce de sa maladie était intervenue alors qu'il se trouvait en pleine promotion d'un album («Santeboutique», sorti en septembre 2019). Il avait dû interrompre sa tournée pour subir une opération.
La pandémie de coronavirus et l'impossibilité de tenir des concerts ont ensuite reporté plusieurs fois tout au long de 2020 la perspective de remonter sur scène, même s'il a pu enregistrer un nouvel album («Vivre», avec le pianiste français Sofiane Pamart, sorti fin mai 2021).
Hommage royal
Le 21 février, dans son habituel costume noir de scène, il avait été reçu sous les ors du palais royal de Bruxelles pour un entretien avec le roi Philippe, qui avait salué «une icône de la scène musicale belge».
Vêtu du même costume depuis des lustres, Arno se démarquait par son franc-parler, bousculant parfois la syntaxe française avec son accent flamand, pour décrire la complexité des émotions humaines. Ou faire rimer cholestérol avec rock'n'roll. Comme dans l'égrillard titre «Les saucisses de Maurice», dont l'hymne-refrain a fait trembler les murs de bien des salles de concert.
Crinière blanche et voix rocailleuse, Arno était capable sur scène de parler à quelques minutes d'intervalle de «problèmes de zizi» et du peintre Léon Spilliaert (1881-1946), originaire de la même ville que lui, maître des ambiances entre chien et loup.
«Nous ne verrons plus sa silhouette dans le quartier Sainte-Catherine. Putain putain, il nous manque déjà», s'est désolé sur Twitter Philippe Close, le bourgmestre de la capitale belge, une ville dont il était citoyen d'honneur.
«L'être humain m'inspire»
«C'est l'être humain qui m'inspire, avec toutes ces conneries qu'il fait, ses faiblesses... il tombe amoureux, il fait des guerres, il vote pour tel ou tel parti, il tombe malade et tout le bazar», avait-il expliqué en 2015.
Globe-trotter – «je suis parti à Katmandou en stop quand j'étais jeune» – il a bien tenté de vivre à Paris, Amsterdam, Londres ou Copenhague, mais est toujours repassé par les cases Bruxelles et Ostende.
«Je viens d'une génération où, quand j'étais jeune, tout était possible, ‹the sky was the limit›, racontait-il. Il y avait une révolte contre le système, la jeunesse se créait sa propre culture. Maintenant, il n'y a plus de révolte alors qu'il y aurait beaucoup contre quoi le faire».
«Il n'y avait pas de crise et il y avait une vraie solidarité: je n'ai jamais fumé un joint tout seul!», soulignait-il, goguenard en 2015. «On fumait un joint – ce que je ne fais plus – avec Marvin Gaye en promenade sur la plage à Ostende», précisait-il encore en 2019 à l'occasion de la sortie de son album «Santeboutique» (une expression pour dire «c'est ‹bordélique›, c'est le bazar, quoi").
«J'ai été son cuisinier pendant presque un an, c'était au début des années 1980». Marvin Gaye, figure de la Motown en perdition, a alors besoin de fuir – ses problèmes de drogue dure, d'argent, de couple... Il débarque sur ce bout de côte de mer du Nord. «C'était un mec formidable, Marvin».