Les pompiers craignent le pire Le feu n'avance plus, mais il pourrait repartir

ATS

20.8.2021 - 11:54

Après cinq jours de lutte acharnée des pompiers contre le pire incendie de l'année en France, qui a fait deux morts, le feu est «fixé» mais pas «éteint» dans l'arrière-pays varois. Les secours craignent une reprise due à des conditions météo défavorables.

Keystone-SDA

«Fixé veut dire que la tête du feu n'avance plus, mais il n'est pas éteint», a précisé le directeur du Service départemental d'incendie et de secours du Var, le colonel Eric Grohin, en ajoutant qu'un vent d'ouest était annoncé dans la journée.

Le préfet du Var, Evence Richard, a rappelé qu'«on nous annonce des conditions météo qui vont se dégrader à partir notamment de demain après-midi»: avec une remontée des températures et un vent «qui risque de tourner à plusieurs reprises, (...) on ne peut pas exclure de nouveaux départs de feu», a-t-il averti.

Plus de 7000 hectares brûlés

Après une nuit calme, plus fraîche et sans vent, plus d'un millier de pompiers restaient «très concentrés» vendredi matin. Ils s'attelaient à noyer au plus vite les quelque 80 kilomètres de lisières de ce feu, avant la reprise des rafales.

Depuis lundi cet incendie a parcouru 8100 hectares et brûlé 7100 hectares de forêt, de vignes et de garrigues. Il a notamment dévasté près de la moitié de la Réserve nationale naturelle de la plaine des Maures, un havre de biodiversité proche du départ du feu, parti au bord d'une aire d'autoroute de l'A57, au nord de Toulon.

Vendredi, «le bilan humain n'a pas varié», a déclaré le préfet, avec deux morts et 26 blessés légers dont sept chez les sapeurs-pompiers. Deux corps calcinés ont été retrouvés dans une propriété de Grimaud, dans un hameau d'une vallée encaissée.

10'000 personnes évacuées

Cet incendie, en plein coeur de l'été, dans un département très touristique, a nécessité l'évacuation de 10'000 personnes, qui pour certaines ont passé quatre nuits dans un centre d'hébergement. Selon le préfet, quelques personnes, mais «très très peu», étaient encore dans des centres d'hébergement vendredi, «car elles ont tout perdu».

Du côté de l'enquête, si «l'on sait d'où le feu est parti», selon le préfet, qui a rappelé que le départ de l'incendie était situé à l'aire d'autoroute de Sigues, «on travaille pour savoir la cause exacte».

Depuis lundi, 1679 largages ont été effectués par les avions et hélicoptères bombardiers d'eau, selon un communiqué de la préfecture.

Lourd bilan écologique

Le bilan de l'incendie est très lourd d'un point de vue environnemental. Interrogé sur RTL, Jean-Louis Pestour, responsable national incendies de forêts à l'Office national des forêts, estime que «ça va prendre beaucoup de temps avant que l'ensemble du secteur reverdisse».

Il faudra «entre 30 et 40 ans avant de retrouver le même écosystème», a-t-il expliqué», tout en assurant qu'"heureusement tout n'est pas mort, (...) le chêne liège étant l'arbre le plus adapté en zone méditerranéenne, avec une capacité à refaire des feuilles dès que les pluies et les conditions le permettent».

Les producteurs de rosé de Provence ont aussi payé un lourd tribut, certains viticulteurs ayant vu leur matériel ou hangars réduits en cendres.