La situation sur le front des dizaines d'incendies qui ravagent l'ouest des Etats-Unis devenait vendredi encore plus critique. Plus d'un demi-million de personnes ont été forcées à fuir les flammes et le bilan des morts est appelé à s'alourdir.
Alimentés par une sécheresse chronique et des vents violents, les feux disséminés de l'Etat de Washington, frontalier du Canada, jusqu'à la ville californienne de San Diego, à la frontière mexicaine, provoquaient de tristes records. Il était impossible d'évaluer l'étendue réelle des destructions, de vastes régions étant hors d'accès.
Dans le nord-ouest de la Californie, l'incendie baptisé «August Complex Fire», assemblage de 37 feux qui ont touché la forêt de Mendocino à partir du 17 août, est officiellement devenu le plus étendu de l'histoire dans cet Etat, avec plus de 302'000 hectares brûlés.
Mort de 15 personnes
La mort d'au moins 15 personnes a été confirmée sur la côte ouest au cours des dernières heures, mais de nombreuses zones sont encore impossibles à atteindre ont prévenu les autorités, faisant craindre de nouvelles victimes.
Face à la violence des feux, les habitants, plongés dans un épais brouillard orange, sont souvent obligés de fuir en quelques minutes.
«J'ai paniqué. J'ai vérifié que tous les enfants étaient bien dans la voiture, puis on a jeté nos affaires dans notre coffre. Et vous, savez, c'est tout ce qu'on a eu le temps de faire», confie à l'AFP, Jamie Smith, réfugiée dans un hôtel de Fresno.
Au volant à 14 ans
Les évacuations précipitées provoquent des situations parfois rocambolesques. A seulement 14 ans, Ruben Navarrete a dû prendre le volant pour la première fois de sa vie, filant en pleine nuit sur une petite route de montagne en Californie pour échapper aux flammes.
«Mon oncle m'avait prévu que si on devait évacuer, il faudrait que je conduise», confie-t-il à l'AFP.
Les flammes «étaient derrière nous. Je ne voulais même pas regarder parce que je voulais rester concentré, je ne voulais pas faire d'accident ou autre. Mais si on regardait à la fenêtre, on voyait le vide en bas de la colline», raconte l'adolescent dans la localité de Clovis, où sa famille a bénéficié d'un hébergement d'urgence.
Dans cet Etat où les habitants sont encore traumatisés par le souvenir des incendies de novembre 2018 qui avaient coûté la vie à 86 personnes et réduit en cendres la ville de Paradise, un temps sec est attendu jusqu'à la fin de la semaine.
Pas une «anomalie»
Dans l'Oregon voisin, plus de 500'000 personnes ont là aussi dû tout quitter pour fuir les 360'000 hectares en proie aux flammes, du jamais vu. Et les autorités ont appelé les habitants à ne pas utiliser l'eau de leur domicile pour tenter de combattre les feux, ce qui aurait pour effet de ralentir les efforts des pompiers.
«J'aimerais que les incendies de 2020 ne soient qu'une anomalie, des épisodes uniques. Malheureusement, ils ne sont que précurseurs de l'avenir», a déploré Kate Brown, la gouverneure de l'Etat, où des couvre-feux ont été décrétés. «Nous voyons les effets dévastateurs du changement climatique dans l'Oregon, sur toute la côte ouest, et à travers le monde.»
Plus de 200'000 hectares sont partis en fumée dans l'Etat de Washington, selon le gouverneur Jay Inslee, qui a aussi dénoncé les conséquences catastrophiques du changement climatique. Dans cette région, la saison des incendies s'étend d'ordinaire jusqu'à novembre, faisant craindre de nouveaux épisodes violents.
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