Les bureaux australiens du géant agroalimentaire JBS, sur fond de coucher de soleil à Dinmore, le 1er juin 2021
Des employés de JBS sur une ligne de production de viande le 21 mars 2017, à Lapa, au Brésil
Le géant agroalimentaire JBS, nouvelle victime d'une cyberattaque d'ampleur - Gallery
Les bureaux australiens du géant agroalimentaire JBS, sur fond de coucher de soleil à Dinmore, le 1er juin 2021
Des employés de JBS sur une ligne de production de viande le 21 mars 2017, à Lapa, au Brésil
La liste des victimes de piratages informatiques d'ampleur s'allonge: la filiale américaine du brésilien JBS, un des leaders mondiaux de la viande, s'est dit la cible d'une «cyber-attaque organisée» qui affecte directement ses opérations en Australie et en Amérique du Nord.
«JBS USA a découvert qu'elle était visée par une attaque de cyber-sécurité organisée, affectant plusieurs des serveurs sur lesquels sont basés son système informatique en Amérique du Nord et en Australie», a fait savoir lundi l'entreprise dans un communiqué, sans préciser la nature de cette intrusion détectée dimanche.
Cette nouvelle attaque intervient moins d'un mois après celle qui a frappé de façon spectaculaire l'opérateur d'oléoducs américain Colonial Pipeline et vient grossir les rangs des multinationales frappées par des attaques informatiques massives.
Tous les systèmes affectés ont été arrêtés et les autorités saisies, a précisé JBS USA, ajoutant que ses systèmes de secours n'avaient pas été affectés par l'incident.
«A ce stade, l'entreprise n'est informée d'aucun mauvais usage des données de ses clients, ses fournisseurs ou ses employés résultant de cette situation», a ajouté JBS USA, avertissant tout de même que des transactions avec ses clients et fournisseurs pourraient être «ralenties».
Les serveurs assurant les sauvegardes n'ont pas été affectés, a affirmé JBS USA sans donner plus de détail sur l'impact de cette attaque dans ses abattoirs et usines de transformation. L'entreprise n'avait pas dans l'immédiat donné suite aux sollicitations de l'AFP à ce sujet.
En Australie toutefois, les activités ont été paralysées et ses 10.000 employés renvoyés chez eux sans salaire, a déclaré à l'AFP un responsable syndical, Matt Journeaux. La direction de la filiale ne sait pas encore quand les activités pourront reprendre, a-t-il ajouté.
Aux Etats-Unis, certaines lignes de production ont été suspendues mardi dans au moins deux sites du groupe en Iowa et un abattoir a été fermé dans le Wisconsin, selon des messages postés sur leur page officielle respective sur Facebook. Une usine dans l'Utah était aussi à l'arrêt, selon un employé ayant répondu à l'AFP au standard du site et n'ayant pas souhaité donner son nom.
Au Canada, un abattoir employant plus de 3.300 personnes a dû annuler trois vacations lundi et mardi, selon la page Facebook du site. Mais la production devrait reprendre «comme prévu par le calendrier» mardi pour une des deux équipes, est-il ajouté.
Rançon
JBS, spécialisée dans les produits à base de boeuf, de poulet et de porc, est l'une des plus grosses entreprises agroalimentaires du monde. Outre au Brésil et dans les autres pays d'Amérique latine, elle est présente aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni.
Le ministre australien de l'Agriculture, David Littleproud, a affirmé dans un communiqué avoir été mis au courant de cette attaque, mais s'est refusé à tout commentaire «tant que des détails supplémentaires ne seront pas disponibles».
JBS dispose de 84 sites aux Etats-Unis, 47 en Australie et 5 au Canada, jouant ainsi un rôle important dans le secteur agricole de ces pays.
Les offensives contre des groupes économiques clés se sont multipliées ces derniers mois.
L'une d'elles a visé Colonial Pipeline, le plus important réseau d'oléoducs de produits raffinés aux Etats-Unis fournissant 45% des carburants de la côte est américaine.
Contraint de fermer ses opérations, ce qui a entraîné un mouvement de panique chez de nombreux automobilistes, le groupe a reconnu avoir dû verser une rançon de 4,4 millions de dollars.
Les autorités américaines ont imputé l'attaque à DarkSide, un groupe de cybercriminels qui serait basé en Russie, une accusation réfutée par Moscou. Dans la foulée, Washington a pris des mesures pour améliorer la cybersécurité aux Etats-Unis.
L'attaque contre le logiciel de l'entreprise texane SolarWinds avait déjà secoué le gouvernement américain et la sécurité de grandes entreprises en décembre.
Plus récemment, le piratage de la messagerie de Microsoft, attribué cette fois à un groupe de hackers chinois soutenus par Pékin, a affecté au moins 30.000 organisations américaines, y compris des entreprises, des villes et collectivités locales.