YverdonAccusé d'avoir tué sa petite amie en 2019, il sera jugé
beke, ats
5.12.2022 - 07:21
L'affaire avait suscité beaucoup d'émotion dans le canton de Vaud et au-delà. Le procès du jeune Afghan soupçonné d'avoir tué sa petite amie de 17 ans le 27 décembre 2019 au bord du lac à Yverdon-les-Bains (VD) s'ouvre aujourd'hui. Il risque la prison à vie. Selon son avocat, il compte clamer son innocence.
Keystone-SDA, beke, ats
05.12.2022, 07:21
05.12.2022, 08:10
ATS
Actuellement âgé de 22 ans, le prévenu doit répondre d'assassinat, subsidiairement de meurtre, devant le Tribunal criminel de l'arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. Il est accusé d'avoir étranglé l'adolescente qui voulait rompre avec lui, puis d'avoir dissimulé son corps dans les roseaux, aux environs de l'embouchure du Bey, dans la zone protégée des Vernes.
Ce bénéficiaire d'un permis F domicilié dans l'Ouest lausannois avait reconnu être l'auteur de l'homicide au lendemain de la découverte du cadavre, soit le 7 janvier 2020, selon la police cantonale vaudoise. Une reconstitution avait par la suite été effectuée en sa présence. Il est détenu depuis mars 2020 à la prison de la Croisée, à Orbe (VD).
Le migrant est arrivé seul en Suisse en tant que mineur, selon une enquête du journal 24 heures publiée peu après le drame. Le quotidien vaudois, qui avait glané des témoignages auprès de requérants d'asile l'ayant côtoyé, avait dressé le portrait d'un individu au «parcours chaotique», «entre dépression, drogues et exil», qui se mutilait et écrivait des poèmes. Il n'a jamais été condamné auparavant, selon la police.
La famille n'approuvait pas
D'origine afghane également, la victime habitait à Baulmes (VD) avec sa famille. Selon l'acte d'accusation, elle entretenait une relation amoureuse avec le prévenu depuis début 2016. Sa famille, notamment sa mère, n'approuvait «pas du tout» cette idylle, «en raison de leur différence d'âge, de leur ethnie et de leur culture», souligne le document du Ministère public. C'était une histoire «compliquée» et entrecoupée de «nombreuses» séparations, vécue «de façon cachée».
Durant un contact téléphonique intervenu dans la nuit du 26 au 27 décembre 2019 avec l'accusé, l'adolescente lui aurait annoncé vouloir rompre définitivement. Ils auraient convenu de se rencontrer le lendemain dans la cité thermale, à l'initiative de l'éconduit qui «a prétexté vouloir lui offrir un cadeau».
Il aurait emporté avec lui deux lacets noués entre eux à leurs extrémités, «afin de mettre à exécution son plan macabre»: mettre fin aux jours de sa dulcinée. «Il ne pouvait accepter qu'elle puisse en aimer un autre» et «refusait catégoriquement la fin imminente de sa relation, dont il tenait pour responsable la mère», affirme l'acte d'accusation.
Faux cadeau
Le duo se serait rendu en début d'après-midi à l'embouchure du Bey, là où le ruisseau se jette dans le lac de Neuchâtel. Il lui aurait alors fait croire qu'il voulait lui passer un collier autour du cou. Il se serait positionné derrière elle et l'aurait étranglée avec le lien constitué des deux lacets. Après avoir caché le corps, il aurait jeté le sac à main de la victime dans les roseaux puis se serait enfui en emportant également son téléphone portable.
Le 27 décembre 2019, en fin de journée, l'adolescente faisait l'objet d'un avis de disparition. Le suspect a été placé en détention provisoire le 5 janvier 2020 au matin. A peine vingt-quatre heures plus tard, la disparue était retrouvée sans vie. Le jour d'après, le jeune homme est passé aux aveux au terme d'une audition de plusieurs heures, selon la police.
Le Centre universitaire romand de médecine légale a confirmé en juillet 2020 que le décès était la conséquence d'une «asphyxie mécanique par strangulation au lien», rapporte le Ministère public. «Les circonstances de la découverte du corps et les constatations effectuées au cours des investigations des médecins-légistes indiquent qu'il s'agit d'une hétéro-agression», soit une agression sur autrui, précise l'acte d'accusation.
Accusations contestées
S'il est reconnu coupable d'assassinat, le prévenu encourt un minimum de 10 ans de prison. L'acte est retenu lorsqu'un homicide a été commis «avec une absence particulière de scrupules, notamment si son mobile, son but ou sa façon d'agir est particulièrement odieux», stipule le Code pénal suisse. Le meurtre, lui, est puni d'une peine privative de liberté de cinq ans au moins et s'applique à «celui qui aura intentionnellement tué une personne».
«Mon client conteste les accusations du ministère public et compte sur ce procès pour faire enfin constater son innocence», a déclaré la semaine dernière l'avocat de la défense, Me Ludovic Tirelli, sollicité par Keystone-ATS. Il a ajouté réserver ses arguments pour le tribunal. Le procès doit durer trois jours.