Découverte Le lac de Soi, un paradis aux mille visages poétiques 

Valérie Passello

24.8.2022

Perché à 2247 m au pied des Dents du Midi, le lac de Soi est un lieu unique. Depuis plus de 30 ans, deux frères y construisent des édifices en pierres sèches, conférant à l'endroit une dimension à la fois étrange et onirique. Le cadre, splendide et changeant, ajoute une pointe de magie à la visite.

Le lac de Soi, un coin de paradis entre ciel et pierres

Le lac de Soi, un coin de paradis entre ciel et pierres

Perché à 2247 m au pied des Dents du Midi, le lac de Soi est un lieu unique. Depuis plus de 30 ans, deux frères y construisent des édifices en pierre sèches, conférant à l'endroit une dimension à la fois étrange et onirique.

21.09.2022

Valérie Passello

Un pied devant l'autre. La pente est raide depuis Plan de Soi, point de départ de la balade. Alors il ne faut pas penser aux près de trois heures de marche qui s'annoncent. Pour s'encourager, le mieux est encore de se dire que la montée au paradis, ça se mérite. 

Et le «paradis», en l'occurrence, c'est le lac de Soi. Un lieu «qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie», affirment tous ceux qui ont eu le courage -et les mollets- de s'y rendre.  Ce randonneur, qui redescend déjà, confirme: «Vous y êtes presque. Vous verrez, c'est magnifique», dit-il avant de poursuivre sa route.

À l'arrivée, la beauté. Une véritable claque poétique qui déclenche une irrépressible envie de tout dévorer des yeux. Les paroles deviennent inutiles, l'invitation à la contemplation l'emporte sur les mots. 

Un tourbillon de couleurs

Alors on s'assied et on regarde. On photographie, aussi, pour tenter de graver quelque part la magie de cet instant que l'on sait fugace. Car très vite, un cumulus vient lécher les Dents du Midi toutes proches. Le rideau tombe sur le soleil. Le bleu du ciel, qui se reflétait sur l'eau calme, s'assombrit. Le lac devient gris, presque métallique. 

Couvert par la neige la plupart du temps, le lac de Soi ne se montre que trois à quatre mois par année. Ici à 2247 m d'altitude, le temps varie rapidement. Et avec lui, le lac montre d'autres facettes de son visage. Les éclairages et les reflets changent en quelques minutes, balayant les rétines d'un tourbillon de couleurs presque étourdissant. 

Même les pierres empilées alentour semblent avoir changé. On ne se lasse pas du spectacle. Et à force d'observer, on remarque l'ampleur du travail effectué par la main de l'homme dans cet écrin, ce qui le rend absolument unique. 

Deux frères bâtisseurs de beauté

C'est en 1989 que Pierre-Marie et Marcel Cherix se sont lancés dans ce qui est, à n'en pas douter, l'œuvre de leur vie. Les deux frères ont commencé par empiler quelques pierres pour ériger un cairn face au plan d'eau.

Puis, inlassablement, poussés par la passion, ils ont aménagé au fil des ans tout le tour du lac, à la manière de deux enfants qui auraient trouvé un jeu de construction géant et intarissable. Ils utilisent simplement la roche recrachée par l'imposant massif qui surplombe ce lieu ensorceleur, pour le rendre encore plus beau. 

Fleurs de pierre, mosaïques, arches, autels, serpents, rivières de cailloux: leur travail fascine et permet à l'âme des visiteurs de s'envoler vers leur imaginaire.

Interrogés dans «Passe-moi les jumelles», sur la RTS, les deux artistes ont toujours été interpellés par le nom «Soi», qui renvoie chacun... à soi. Ils se disent heureux des réactions positives de tous. En «se faisant plaisir», comme ils disent, ils font plaisir à un nombre incalculable de randonneurs émerveillés.