Musées Le Louvre intensifie ses recherches sur les biens spoliés

ATS

10.3.2021 - 20:49

Image d'illustration 
Image d'illustration 
KEYSTONE/AP Photo/Thibault Camus

Le Louvre intensifie ses recherches pour repérer dans ses collections les oeuvres «problématiques» provenant de familles juives spoliées en 1939-45, a indiqué à l'AFP son président-directeur. Le musée coopérera avec l'Hôtel Drouot et le Mémorial de la Shoah.

Keystone-SDA

Jean-Luc Martinez présidait mercredi un colloque pendant lequel les huit départements du musée ont dressé un premier bilan sur la provenance des oeuvres entrées pendant cette période. Une recherche complexe à partir des archives, inscriptions, étiquettes, etc.

«C'est un devoir de mémoire, a-t-il souligné. Il ne s'agit pas de jeter la suspicion sur toutes ces acquisitions. On va regarder des oeuvres inscrites sur les inventaires. Entre 1933 et 1945, le Louvre a acheté 13.943 oeuvres. Pour l'énorme majorité – 60/70% selon les départements -, la provenance a été vérifiée».

Vérification en cours

Pour de nombreuses autres, explique-t-il, la vérification est en cours mais leur provenance n'apparaît pas «problématique».

«Problématique, c'est quand une oeuvre a été achetée à un marchand qui a pu s'approvisionner dans des réseaux d'où venaient des biens spoliés. Ou qu'elle a été achetée dans des ventes publiques de biens spoliés, où les musées nationaux se portaient acquéreurs», ajoute Jean-Luc Martinez.

«Au département des peintures, les provenances problématiques, c'est un pour cent des acquisitions», a-t-il estimé par exemple. Le Louvre a signé des partenariats avec le Mémorial de la Shoah et avec l'Hôtel Drouot, qui dispose des archives du commerce de l'art parisien.

Bilan dans 4-5 ans

«On s'est fixé comme objectif d'ici 4/5 ans un vrai bilan sur les biens acquis entre 1933 et 1945. La deuxième étape, ce sera le même exercice sur les années 50/60 où le marché de l'art continue à voir circuler des biens volés aux familles juives», a-t-il précisé.

Avec l'appui de la mission spéciale du ministère de la Culture sur les biens spoliés, les autres musées nationaux, les bibliothèques, «on passe à une autre vitesse, on élargit le périmètre», a-t-il souligné, évoquant les recherches sur les livres, instuments de musique, etc..

Experte du marché de l'art sous l'Occupation, Emmanuelle Polack a été chargée au Louvre d'explorer les archives d'une exposition de septembre 1945 sur les «nouvelles acquisitions des musées nationaux».

«Le Louvre n'a rien à cacher et le risque 'réputationnel' est énorme», souligne M. Martinez. Quand «les nouvelles générations veulent savoir d'où viennent ces collections, comment réagir? En faisant de l'histoire, en établissant les faits».

«Je trouve salutaire qu'elles nous demandent des comptes», ajoute le président du premier musée français et parmi les plus importants musées au monde.