ColmarLe meurtrier d'un jeune Afghan abattu toujours en fuite
ATS
17.8.2022 - 14:51
«On veut la justice!»: dans le quartier Europe à Colmar, les proches du jeune Afghan tué par balle dimanche lors d'une altercation ne décolèrent pas. La traque de son tueur se poursuivait mercredi.
17.08.2022, 14:51
17.08.2022, 16:21
ATS
En cette matinée pluvieuse, peu de monde dans les rues de ce quartier populaire de Colmar. Quelques pavillons, beaucoup d'immeubles et au pied de l'un d'eux, rue de Berlin, une boulangerie, à deux pas du lieu du drame.
Devant le magasin, des voisins ont déposé six grandes photos de Quayyeem Ahmadzai, des bougies et quelques bouquets de fleurs. Trois jeunes Afghans veillent le portrait en silence. Parmi eux, Tarakhin Sardarwali, 21 ans, se présente comme un «très proche» de la victime. Il n'était pas présent lors du drame. «Je suis arrivé 10, 15 minutes après», confie-t-il, visiblement affecté.
Tarakhin Sardarwali s'étonne que quatre jours après, les policiers n'aient toujours pas retrouvé le tireur. «C'est choquant. Il est toujours libre! On veut qu'ils l'arrêtent!» «On veut la justice», insiste le jeune homme arrivé en France en 2017.
Tireur en fuite
Selon une source proche de l'enquête, le tireur présumé et ses potentiels complices étaient toujours en fuite mercredi. Selon la procureur de Colmar, Catherine Sorita-Minard, les faits se sont déroulés lors d'une altercation entre deux groupes.
Importunée par les bruits d'un scooter, le jeune Afghan, entouré d'amis, a demandé au conducteur de s'éloigner. Ce dernier l'a alors insulté, avant de revenir avec plusieurs individus.
Une rixe a éclaté entre les deux groupes. Alors qu'une partie des protagonistes se dispersait, un coup de feu était tiré par un individu, selon les témoins entendus dans le cadre de l'enquête, en direction de la victime, a précisé la magistrate.
«Je n'ai jamais vu ça», témoigne Djabri, retraité de 66 ans, Colmarien depuis 46 ans et résident du quartier Europe depuis 16 ans. Ce dimanche, il dit avoir entendu plusieurs détonations, «deux ou trois. Je croyais que c'étaient des jeunes qui s'amusaient avec des pétards».
«Et puis j'ai vu un jeune qui courait, qui était devenu fou, manifestement le tireur présumé, je pense qu'il regrettait. Deux copains à lui le suivaient et puis ils ont commencé à courir pour prendre la fuite», explique ce témoin.
Contrôles renforcés
«Depuis, on dirait que les gens sont devenus calmes», poursuit Djabri. L'effet peut-être de la présence de la CRS 8, une unité mobile spécialement créée pour intervenir rapidement sur tout le territoire. Dépêchée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin après le drame, elle a multiplié les contrôles depuis mardi.
«Il faudrait qu'ils soient là à l'année, pas une semaine, ça devient invivable», assure Djabri, évoquant notamment des «rodéos» de scooters selon lui incessants dans certaines rues du quartier.
Évoqué dans un premier temps comme un possible déclencheur à cette rixe mortelle, l'hypothèse d'un «rodéo urbain» a été mise en doute lors d'un point-presse par le maire LR de Colmar, Eric Straumann (LR). Il évoquait plutôt un différend entre le tireur et Quayyeem.
Ce dernier travaillait à l'usine de montage de véhicules Stellantis de Mulhouse (Haut-Rhin), a indiqué Ronald Laventin, responsable syndical CFDT sur ce site. Quayyeem était intérimaire et avait été recruté au début de l'été, avec le dernier contingent, selon M. Laventin.
«Il était juste venu pour le week-end pour voir des proches à Colmar», se désole encore Tarakhin. Selon lui, l'épouse de Quayyeem, restée en Afghanistan avec leurs enfants, est à l'hôpital depuis qu'elle a appris la mort de son époux. A présent, «il faut qu'on envoie le plus vite possible son corps en Afghanistan» pour les funérailles.