AntisémitismeAntisémitisme : le meurtrier de Mireille Knoll condamné à la perpétuité
ATS
11.11.2021 - 08:43
Keystone-SDA
11.11.2021, 08:43
ATS
Ses protestations d'innocence n'auront pas convaincu la cour. Yacine Mihoub a été condamné mercredi aux assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre en 2018 de Mireille Knoll, un crime «au caractère antisémite».
Sa peine a été assortie d'une période de sûreté de 22 ans, soit plus que les 18 ans requis par l'avocat général.
Son co-accusé, Alex Carrimbacus a été acquitté pour le meurtre de l'octogénaire mais il a été condamné à une peine de 15 ans de réclusion assortie d'une peine de sûreté de deux tiers pour vol aggravé chez la victime.
Comme pour M. Mihoub, le caractère antisémite a été retenu pour lui, de même que la circonstance aggravante de la vulnérabilité de Mme Knoll, 85 ans et très affaiblie par la maladie de Parkinson.
La mère de Yacine Mihoub, Zoulikha Khellaf, a quant à elle été condamnée à trois ans de prison, dont un an ferme à domicile sous surveillance électronique. Elle a été reconnue coupable d'avoir détruit des objets et nettoyé l'arme du crime.
La cour a estimé que les faits s'étaient inscrits dans un «contexte global antisémite», selon la lecture faite par le président Franck Zientara après plus de 9 heures de délibéré.
Selon la cour, «le caractère crapuleux a été alimenté par une haine en raison de l'appartenance» de la victime à la «religion juive» et par des «préjugés» de Yacine Mihoub et des «croyances que des richesses puissent être dissimulées» dans le logement social de Mme Knoll.
«C'est juste, c'est ce qu'on attendait. Notre famille va pouvoir démarrer son deuil», a réagi le petit-fils de Mireille Knoll. A l'énoncé du verdict, plusieurs proches étaient en larmes.
«Haine larvée»
Le 23 mars 2018, les pompiers sont appelés pour un incendie dans un HLM de l'est parisien. Au deuxième étage, ils découvrent le corps en partie carbonisé de Mireille Knoll, en travers de son lit médicalisé, les jambes ballantes. Son frêle corps était lardé de onze coups de couteau.
La mort de cette femme, qui avait fui Paris en 1942 pour échapper à la rafle du Vel D'hiv, avait suscité une vive émotion, d'autant plus qu'un an auparavant Sarah Halimi, sexagénaire juive, avait été tuée et défenestrée par un homme finalement considéré comme irresponsable pénalement.
M. Mihoub et M. Carrimbacus se sont toujours renvoyé la responsabilité du meurtre de Mireille Knoll.
Si les circonstances du meurtre sont restées opaques, les experts et témoins qui se sont succédé à la barre ont dressé un portrait psychologique sans équivoque des deux hommes.
Yacine Mihoub, est rancunier. Il a «le vin mauvais» et une tendance victimaire depuis un viol subi à 12 ans dans un internat, selon les conclusions des experts. Mireille Knoll est la voisine de sa mère. Cette femme coquette aux yeux bleus décrite lors du procès comme tolérante, aimée et aimante, est, dit il, une «grand-mère de substitution» à qui il a rendu de nombreux services.
Son voisin de box Alex Carrimbacus a lui été décrit comme rongé par une quête identitaire, une souffrance affective «massive», selon les experts, amplifiée par les placements à répétition dans l'enfance, un viol et la rue où il a déjà mendié pour payer sa drogue.
Les deux au casier judiciaire déjà long se sont rencontrés en détention.
L'après-midi du 23 mars 2018, ils se sont retrouvés dans le 55 m2 de Mireille Knoll pendant plus de deux heures. Nul ne sait ce qu'il s'est alors déroulé.
Selon la cour, l'agression sexuelle perpétrée par M. Mihoub en 2017 sur une collégienne que logeait Mme Knoll a pu être à l'origine d'un «contentieux latent». Celui-ci, couplé à une «tolérance limitée à la frustration» de M. Mihoub, a pu être alimenté par une «une détestation larvée» des Juifs. Son intérêt pour des livres sur Mohamed Merah, la Charia ou Mein Kampf sont venus appuyer cette thèse selon la cour.
Selon la cour, cette haine a «ressurgi avec la consommation d'alcool» et une conversation qui s'envenime ce 23 mars entre lui et Mme Knoll, et elle a «trouvé son apogée dans le déchainement de violence».