3 ans de prison requis Le Ministère public persuadé de la culpabilité de Tariq Ramadan

mf, ats

28.5.2024 - 17:49

Le premier procureur Adrian Holloway a requis, mardi, une peine de 3 ans de prison, dont 18 mois ferme, à l'encontre de Tariq Ramadan. Le magistrat considère l'islamologue coupable d'avoir violé une femme, en octobre 2008, dans une chambre d'hôtel, à Genève.

M. Holloway a estimé que la faute commise par Tariq Ramadan est lourde. L'islamologue a tiré profit de l'aura qu'il avait sur "Brigitte" pour abuser d'elle, la traiter comme un objet, la frapper sans retenue, dans le seul but d'assouvir son désir sexuel (archives).
M. Holloway a estimé que la faute commise par Tariq Ramadan est lourde. L'islamologue a tiré profit de l'aura qu'il avait sur "Brigitte" pour abuser d'elle, la traiter comme un objet, la frapper sans retenue, dans le seul but d'assouvir son désir sexuel (archives).
KEYSTONE

28.5.2024 - 17:49

Pour M. Holloway, la plaignante, âgée aujourd'hui de 58 ans, surnommée «Brigitte» par les médias, s'est montrée constante et cohérente dans ses déclarations tout au long de la procédure. Son récit se révèle crédible et détaillé, au contraire de celui de Tariq Ramadan, a souligné le représentant du Ministère public.

Certes, il y a ces messages affectueux et sans reproche que «Brigitte» a envoyé à l'islamologue après les faits. De l'avis du premier procureur, ces mots sont la preuve de l'emprise qu'avait acquise Tariq Ramadan sur sa victime après sa nuit avec elle. «Elle est passée de l'idéalisation à la soumission».

Nuit de violence

M. Holloway a estimé que la faute commise par Tariq Ramadan est lourde. L'islamologue a tiré profit de l'aura qu'il avait sur cette femme pour abuser d'elle, la traiter comme un objet, la frapper sans retenue, dans le seul but d'assouvir son désir sexuel, a souligné le magistrat. «Un acte à la limite du viol aggravé».

Il n'y a que deux versions possibles dans ce dossier, a pour sa part relevé Robert Assaël, l'un des avocats de la plaignante, en entamant sa plaidoirie. «Soit la victime a subi un viol atroce, soit elle ment». Pour l'homme de loi, il ne fait aucun doute que «Brigitte» a été agressée brutalement cette nuit d'octobre 2008.

L'avocat fonde sa certitude sur les nombreux détails fournis par sa cliente. «A-t-elle pu inventer tout cela, sauf à avoir le prix Nobel de l'imagination?», s'est-il interrogé. Il y a par exemple cette planche à repasser montée dans la chambre de l'hôtel ou certains propos salaces que l'islamologue aurait tenus à sa victime.

Mardi matin, la Chambre pénale d'appel et de révision a entendu plusieurs témoins. Parmi eux, un producteur de spectacles a déposé à la demande de la partie plaignante. Entre 2006 et 2016, cet homme d'origine sénégalaise s'est notamment occupé de Dieudonné, quand l'humoriste français faisait étape en Suisse romande.

Ce témoin est soupçonné d'être à l'origine d'une lettre anonyme parvenue à la justice genevoise peu avant le procès en première instance de Tariq Ramadan, en mai 2023. Dans ce courrier, il est indiqué que «Brigitte» aurait parlé à Dieudonné de son «coup d'un soir» avec Tariq Ramadan.

Le producteur de spectacles a nié être l'auteur de cette lettre. Il a dit connaître «Brigitte». Elle venait dans les loges à la fin des représentations, proposait son aide pour leur organisation, a-t-il expliqué. Quant à la relation de «Brigitte» avec Tariq Ramadan, «je pense qu'elle sortait avec lui, ou quelque chose comme ça».

La plaignante se rebiffe

Prenant la parole à la fin des dépositions des témoins, la plaignante s'est élevée contre les propos tenus par le producteur de spectacles. «Je n'ai jamais dit à personne que j'étais sortie avec Tariq Ramadan», a-t-elle souligné, avant d'évoquer une plainte pendante devant la justice genevoise.

Robert Assaël a demandé à la Cour de ne pas tenir compte du témoignage de ce producteur de spectacle. Selon lui, cet homme, tout d'abord, ment quand il prétend ne pas être l'auteur de cette lettre anonyme. Par ailleurs, il est impossible de connaître les «motivations profondes» qui l'ont poussé à ces révélations tardives.

En première instance, devant la Cour correctionnel, le premier procureur Adrian Holloway avait requis la même sanction à l'encontre de l'islamologue, à savoir une peine de 3 ans de prison, dont la moitié assortie du sursis. Tariq Ramandan avait été acquitté en premier instance.

Le procès en appel se poursuit mercredi avec les plaidoiries de l'autre avocat de la partie plaignante et de ceux de la défense.

mf, ats