Canton de Berne Le prédicateur libyen condamné pour discrimination raciale

zc, ats

21.6.2022 - 17:36

Le prédicateur laïc libyen Abu Ramadan a été reconnu coupable de discrimination raciale et d'escroquerie. Le tribunal régional à Bienne a condamné mardi l'accusé de 68 ans à une peine de 14 mois de prison avec sursis et à l'expulsion de la Suisse pour six ans.

Le prédicateur libyen Abu Ramadan a été condamné à 14 mois de prison avec sursis et à une expulsion de Suisse pour discrimination raciale et escroquerie. Il peut faire appel du jugement (archives).
Le prédicateur libyen Abu Ramadan a été condamné à 14 mois de prison avec sursis et à une expulsion de Suisse pour discrimination raciale et escroquerie. Il peut faire appel du jugement (archives).
ATS

21.6.2022 - 17:36

La présidente du tribunal Denise Weingart a suivi intégralement le réquisitoire du Ministère public. Le tribunal de première instance estime que l'accusé a, malgré ses dénégations, bel et bien appelé lors d'un prêche dans une mosquée biennoise à la haine contre d'autres confessions.

Pour rendre son verdict, la magistrate s'est appuyée sur l'expertise d'un islamologue de l'Université de Fribourg. Elle a ajouté n'avoir pas accordé de crédit aux explications du prévenu. Abu Ramadan a pris connaissance du jugement sans sourciller alors que, la veille, il affirmait qu'il ne pouvait pas envisager un retour durable en Libye.

Selon l'acte d'accusation, Abu Ramadan a appelé le 7 juillet 2017 en tant que prédicateur laïc à la haine contre des personnes en raison de leur religion ou de leur ethnie dans la mosquée Ar'Rahman de Bienne. Il aurait visé les juifs, les chrétiens, les hindous, les Russes et les chiites.

Ses propos avaient été enregistrés et relayés par plusieurs médias. Il a fallu ensuite beaucoup de temps pour établir l'accusation de discrimination raciale. Un expert a dû traduire le prêche d'arabe en allemand et une expertise supplémentaire a été nécessaire pour interpréter les propos traduits.

Lundi lors de son audition, l'accusé avait rejeté ces accusations, jugeant qu'il n'avait rien à se reprocher. Il a estimé qu'un seul de ses sermons à la mosquée avait été examiné à la loupe et que certains passages avaient été sortis de leur contexte. Pour la défense, le prêche controversé portait sur la corruption.

Aide sociale

Le prédicateur a aussi été reconnu coupable d'avoir perçu illégalement une aide sociale de près de 45'000 francs dans sa commune de résidence de Nidau (BE). Il aurait déclaré aux autorités communales ne disposer d'aucun revenu alors qu'il aidait à l'organisation des pèlerinages, obtenant un revenu concret, selon le tribunal.

S'agissant du délit d'escroquerie, Abu Ramadan avait rétorqué qu'il avait tout fait bénévolement et n'avait rien gagné par ses services. Il avait affirmé n'avoir jamais perçu de salaire pour ses activités religieuses liées à des pèlerinages.

L'avocat d'office avait plaidé l'acquittement de son client faute de preuves. Le jugement peut faire l'objet d'un recours auprès de la Cour suprême du canton de Berne.

Retrait du statut de réfugié

Ce ressortissant libyen est arrivé en Suisse en 1998 comme demandeur d'asile, fuyant le régime de Mouammar Kadhafi. Mais il a perdu son statut de réfugié fin 2017 pour s'être rendu plusieurs fois dans son pays sans jamais être inquiété. Abu Ramadan est actuellement au bénéfice d'un permis C.

L'homme, qui vit en Suisse depuis près de 25 ans, n'est pas intégré, avait relevé la procureure.

zc, ats