Muttenz Le procès du crash d'un F/A-18 au col du Susten s'est ouvert

gf, ats

4.1.2024 - 10:21

Le procès militaire du crash mortel d'un F/A-18 au col du Susten en 2016 s'est ouvert jeudi à Muttenz (BL). Un pilote des Forces aériennes et un contrôleur aérien de Skyguide se trouvent sur le banc des accusés pour homicide par négligence notamment.

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Les deux prévenus, qui comparaissent devant le Tribunal militaire 2, sont aussi accusés d'inobservation des prescriptions de service par négligence, d'entrave à la circulation publique par négligence ainsi que d'abus et dilapidation de matériel par négligence. Leur procès s'étale sur quatre jours. Le jugement est attendu mardi.

Le 29 août 2016, un pilote militaire en formation, âgé de 27 ans, a perdu la vie lors d'un vol d'exercice de combat en patrouille à deux F/A-18 dans des conditions de visibilité mauvaises. Son avion s'est écrasé contre une paroi rocheuse sur sol bernois, à la frontière avec le canton d'Uri. Les juges d'instruction n'ont pas pu se baser sur la boîte noire détruite.

Erreur du pilote leader et du contrôleur

Selon l'accusation, l'accident est dû à une succession d'erreurs et de manquements. Le meneur de la patrouille n'aurait pas respecté la procédure de décollage prévue à Meiringen (BE), ce qui a empêché le jeune pilote, qui le suivait, de brancher son radar sur son leader. Dans la foulée, le contrôleur aérien aurait ordonné une altitude minimale de vol beaucoup trop basse au pilote victime du crash.

Une fois connu le fait que les deux avions n'étaient pas reliés par radar, il a d'abord fallu éviter toute collision entre eux, a expliqué à la Cour un témoin qui était assis à côté du contrôleur aérien incriminé, à Meiringen, au moment de l'accident. Dans la précipitation, une altitude minimale erronée de 10'000 pieds (3048 mètres) a été ordonnée au pilote en formation, au lieu de 15'000 pieds (4572 mètres).

Tentative de rectification trop tardive

L'aiguilleur du ciel n'a pas pu rectifier son erreur, une fois découverte, car la liaison radio avec le pilote avait, entretemps, été transférée de Meiringen au centre national de contrôle aérien de Dübendorf (ZH). La tentative d'avertir les collègues sur le site zurichois est intervenue trop tard.

Cité en tant que témoin, le contrôleur aérien en charge à Dübendorf a déclaré qu'il n'a pas pu réagir à temps au coup de téléphone en provenance de Meiringen, car il s'était focalisé sur la reprise de la surveillance des deux avions par appel radio.

Crash 58 secondes plus tard, juste sous la crête

Le crash est survenu à une altitude de 3319 m, onze mètres sous la crête, 58 secondes après l'indication erronée de l'altitude minimale à observer. Le pilote leader a aussitôt signalé au contrôleur de Dübendorf la fumée noire qui se dégageait de la paroi rocheuse, a déclaré le témoin.

En ouverture de procès, la Cour avait rejeté plusieurs demandes de la défense, dont celle de ne pas réentendre les experts qui s'étaient déjà largement exprimés avant le procès. Elle a accepté, en revanche, la demande d'utiliser comme pièce à conviction un exemplaire du système de radar daté de 1969, utilisé lors du crash.