Nouveaux enjeux Le temps, valeur incontournable du bien-être au travail ?

Relax

29.7.2022 - 13:35

Le bien-être est au centre des enjeux autour de l'avenir du travail. Et une partie de la réponse se trouverait dans notre rapport au temps. Plongées dans «une vision limitante du temps», les entreprises devraient explorer de nouvelles manières de s'organiser afin de s'adapter aux rythmes de travail et de vie de ses salariés. 

Les entreprises devraient explorer de nouvelles manières de s'organiser.
Les entreprises devraient explorer de nouvelles manières de s'organiser.
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Cette exploration de nouvelles possibilités passe par démonter le modèle existant du présentéisme, repenser la productivité et les espaces de travail.

En voilà un sujet dans l'air du temps: le bien-être au travail! Les entreprises du monde entier, dans un contexte post-pandémique, interrogent leur modèle de travail largement bousculé par la généralisation du télétravail. Les digitals nomades n'ont jamais eu autant la côte, les espaces de coworking se sont multipliés sous des formes diverses et la qualité de vie au travail est au cœur des enjeux. On l'a bien compris, le baby-foot en entreprise a toujours été superflu.

Alors que les organisations cherchent la bonne formule, une valeur incontournable mérite qu'on s'arrête dessus: le temps. Le temps pour réaliser ses tâches (qu'elles soient manuelles ou intellectuelles), le temps pour réfléchir ou encore le temps pour échanger avec ses collègues dans des conversations plus ou moins profondes. Ce temps-là, serait-il ce dont aurait besoin l'ensemble des travailleurs pour se sentir bien au travail? 

«Vision limitante du temps»

La pandémie de Covid-19 a permis de se rendre compte que les travailleurs ne sont pas égaux en temps. Un salarié en supermarché se doit de respecter ses heures de travail effectif dans la journée. Un codeur indépendant, lui, pourra ajuster son temps de travail dans la journée. «Le télétravail a ouvert la brèche: quand vous êtes chez vous, vous ne travaillez pas de la même façon qu'au bureau. Certains gagnent du temps. Ça a fait voler en éclat notre conception», commente Isabelle Barth, professeure en management, contactée suite à la parution d'une tribune publiée dans Le Monde le 8 juillet dernier.

La spécialiste interroge le modèle instauré par «l'immense majorité des entreprises»: «Très peu ont cherché à penser de façon différente et globale l'organisation du travail», écrit-elle à propos des 35 heures. «On est sur une vision limitante du temps», ajoute la spécialiste jointe par téléphone. «On n'interroge pas la manière dont on le gère».

Prendre le temps qu'il faut

Aujourd'hui, on parle de flexibilité pour un indépendant ou un salarié qui gère son temps. Un avantage, qui a pu gommer les frontières entre vie professionnelle et privée et créer de nouveaux rythmes de travail.

Mais plusieurs digitals nomades partis travailler à l'étranger ont rapporté avoir repensé cette temporalité dans leur mode de travail. Pour Benoit Raphael, qui pilote la startup française Flint depuis l'Asie du Sud-Est, travailler à l'étranger a été une véritable prise de conscience. «Aujourd'hui, je travaille moins de temps mais mieux», explique le chef d'entreprise au téléphone. «J'ai remis en perspective ma productivité».

Bien loin du workation, les salariés aussi devraient être confrontés à cette exploration de nouveaux modes. Et certaines routines bien ancrées dans la société sont en train de sauter, comme le prouvent les essais de la semaine de 4 jours. Cela implique les entreprises de s'interroger sur la notion de productivité.

Former les managers

Un point fondamental pour évoluer sur la valeur du temps en entreprise est de mieux former les managers: sur leur métier, sur les missions, les moyens qu'ils donnent aux managés, qu'ils sachent transmettre des compétences et qu'ils sachent évaluer. «Est-ce normal qu'un manager passe 80% de son temps à faire de l'opérationnel?», s'interroge Isabelle Barth.

Nouveaux modèles d'espaces de travail

Si il existe des signes d'évolution dans la prise en compte de la valeur temps, elle s'illustre dans l'évolution des lieux de travail. L'entreprise française Kwerk propose à sa manière le concept de wellworking. Une vision du travail dans laquelle le bien-être est primordial. Et ce bien-être passe par le temps des employés sur place.

Kwerk accueille ses clients dans des espaces chaleureux, où le travailleur trouvera le nécessaire pour rester le plus longtemps possible. L'ambition: augmenter sa productivité en étant chouchouté. Bureaux privés, espaces de coworking, salle de sports, activités créatives... le tout dans des établissements luxueux, design et confortables. 

Si l'abonnement à ces espaces n'est pas donné, ils représentent un condensé d'activité professionnelle et personnelle, permettant aux travailleurs de s'accomplir et s'épanouir sans bouger d'établissement. Réel gain de temps et source de bien-être?