Phobie scolaire L'école devient un calvaire pour de plus en plus d'enfants

dmu/trad

8.4.2024

Le magazine «Fritz&Fränzi» dresse un constat alarmant: la phobie scolaire est en augmentation en Suisse, et la pandémie de Covid-19 n'a fait qu'aggraver la situation. De plus en plus d'enfants refusent d'aller à l'école, par peur. Les parents y sont pour quelque chose, d'après les spécialistes.

Jusqu'à 20 % de tous les écoliers sont touchés par la phobie scolaire (photo d'archives).
Jusqu'à 20 % de tous les écoliers sont touchés par la phobie scolaire (photo d'archives).
sda

dmu/trad

De plus en plus d'enfants refusent d'aller à l'école, non pas par paresse ou manque d'intérêt, mais par peur. L'absentéisme chronique est un problème de plus en plus préoccupant dans les écoles suisses, comme le rapporte un dossier du magazine pour parents « Fritz&Fränzi ».

L'absentéisme scolaire est le terme technique pour désigner «faire l'école buissonnière», soit l'absence régulière et injustifiée des cours. Selon une enquête menée par l'Office scolaire de Zurich en décembre 2023, 15 % des filles et 12 % des garçons ont déclaré avoir manqué plusieurs jours d'école au cours de l'année scolaire 2022/23, bien qu'ils soient en bonne santé.

Parmi les enfants absents, une proportion significative présente des signes de problèmes psychologiques tels que la dépression ou les troubles anxieux.

Ces constatations sont corroborées par les données de l'Office fédéral de la statistique de fin 2022, où les troubles psychiques, principalement les dépressions et les troubles anxieux, étaient, pour la première fois, la raison la plus fréquente d'hospitalisation stationnaire chez les jeunes de 10 à 24 ans.

La phobie scolaire toucherait un écolier sur cinq

Selon le magazine, il n'existe pas de données actuelles sur la situation dans toute la Suisse, mais les centres de conseil psychologique scolaire estiment que jusqu'à 20 % de tous les écoliers sont touchés par la phobie scolaire, ce qui représente une augmentation considérable.

Les causes de ce phénomène sont multiples. Selon Irene Fontanilles, directrice de l'école clinique de la Clinique psychiatrique universitaire de Bâle, les parents surprotecteurs jouent un rôle important: «La peur est quelque chose de terriblement contagieux. Si les parents sont anxieux, ils le transmettent à l'enfant», explique-t-elle, citée par «Fritz&Fränzi». D'après elle, il est crucial de faire davantage confiance aux enfants afin qu'ils puissent surmonter eux-mêmes les obstacles sur leur chemin.

La pandémie de Covid-19 a également exacerbé la phobie scolaire. «Pendant le confinement dû au Covid-19, de nombreux comportements sociaux ont été laissés de côtés», explique Irene Fontanilles. Il est donc nécessaire d'apprendre aux enfants à se séparer de leurs parents et à s'intégrer à de nouveaux groupes sociaux.

La pression des réseaux sociaux

Avec la fermeture des jardins d'enfants et des écoles, ce comportement social ne peut pas être entraîné. Ce manque de compétences sociales conduit à une surcharge dans leur vie quotidienne à l'école. On rapporte une augmentation du nombre de patients souffrant de phobie scolaire dans les cliniques depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Magnus Jung, directeur d'une école secondaire à Sulgen (TG), observe également une baisse de la capacité de résilience des jeunes. Les parents seraient trop attentifs aux besoins de leurs enfants. De plus, les élèves seraient très exigeants envers eux-mêmes, notamment à cause des médias sociaux.

Sur des plateformes comme TikTok ou Instagram, les utilisateurs ont tendance à se comparer en permanence aux autres, ce qui peut affecter négativement leur estime de soi et engendrer la peur du rejet ou de l'échec. Autant de facteurs qui favorisent l'apparition de troubles psychiques.