Jour de deuil Les adieux de la reine et son royaume au prince Philip

ATS

17.4.2021 - 18:19

Assise seule pendant la cérémonie et tout de noir vêtue jusqu'au masque, la reine Elizabeth II a fait ses adieux samedi à son époux le prince Philip. Il l'a épaulée pendant plus de sept décennies avec un dévouement inlassable à la couronne.

Keystone-SDA

Le prince, mort «paisiblement» il y a huit jours au château de Windsor à l'âge de 99 ans, repose désormais dans le caveau de la chapelle Saint George, sur le domaine de la résidence royale, à l'issue d'une cérémonie sobre, pandémie oblige, et millimétrée.

Son cercueil demeurera dans la crypte du caveau jusqu'à ce que la reine l'y rejoigne. Les époux ainsi réunis auront alors pour dernière demeure la chapelle du Memorial du roi George VI, père d'Elizabeth II.

Quelques jours avant son 95e anniversaire, la reine a rendu hommage, entourée des membres les plus proches de la famille royale, à celui qu'elle définissait comme sa «force» et son «soutien», depuis son couronnement en 1952. Connu pour son franc-parler et ses plaisanteries – flirtant parfois avec le racisme ou le sexisme – le prince consort, à la longévité record dans l'histoire du pays, aurait eu 100 ans le 10 juin.

Lors de la cérémonie, le Doyen de Windsor a rendu hommage à l'«inébranlable loyauté» du prince Philip envers la reine, son «courage», sa «force d'âme» et sa «foi».

Limitée à 30 personnes à cause de la pandémie de Covid-19, la cérémonie s'est ouverte au domaine du château de Windsor, à l'ouest de Londres, peu avant 15H00 locales (16h00 heure suisse), heure à laquelle le Royaume-Uni, en deuil national depuis huit jours, a observé une minute de silence.

Couvert de l'étendard personnel du duc d'Edimbourg, de son épée, sa casquette de la Marine et d'une couronne de fleurs, le cercueil a été transporté à l'arrière d'un Land Rover vert militaire que le prince Philip avait lui-même contribué à concevoir pendant 16 ans.

Menée par Charles, le prince héritier de la couronne, et sa soeur la princesse royale Anne, la courte procession, suivie par la reine dans une Bentley, a accompagné le cercueil jusqu'à la chapelle Saint-George, pour l'office religieux.

Passé militaire

En troisième ligne dans le cortège funéraire, derrière les enfants de la reine et du prince Philip, se trouvaient leurs petits-fils William et Harry. Ils ont été aperçus échangeant quelques mots à leur sortie de la chapelle.

Pendant la procession, les deux frères aux relations distendues étaient séparés par leur cousin Peter Phillips, fils de la princesse Anne. Ce choix a été abondamment commenté dans la presse, à l'affût de tout signe de réconciliation entre les deux fils du prince Charles.

En 1997, les deux frères avaient suivi tous les deux côte à côte le cercueil de leur mère la princesse Diana, morte tragiquement dans un accident de voiture à Paris, poursuivie par des paparazzis.

C'était la première fois depuis son retrait fracassant et son départ outre-Atlantique que le prince Harry retrouvait en public la famille royale, qu'il a accusée de racisme et d'indifférence envers son épouse métisse Meghan, lors d'une interview retentissante accordée à l'animatrice américaine Oprah Winfrey. Enceinte de leur deuxième enfant, Meghan est restée aux Etats-Unis sur les conseils de son médecin.

La procession s'est faite au son de la fanfare des Grenadier Guards, dont Philip a été le colonel pendant 42 ans, rappelant le passé militaire du duc d'Edimbourg, qui a combattu dans la marine pendant la Seconde Guerre mondiale.

«Une autre ère»

Sur le plan vestimentaire, la famille royale s'est attachée à présenter un front uni. Tous ont arboré une tenue civile, une manière d'éviter de distinguer les princes Andrew et Harry, tous deux très attachés à l'armée mais en retrait de la monarchie.

Même s'il appartient toujours à la Navy, l'apparition en uniforme du prince Andrew, deuxième fils de la reine et ex-pilote d'hélicoptère, aurait fait mauvais genre, sa réputation ayant été fortement entachée par son amitié avec le défunt financier Jeffrey Epstein, poursuivi pour trafic de mineures.

Bien que le public ait été appelé à ne pas se rassembler devant les résidences royales en raison de la pandémie, Windsor bruissait de badauds et d'habitants, bouquets de fleurs à la main.

«Après la cérémonie, je laisserai ces fleurs près du château», explique à l'AFP Maggy Kalpar, 45 ans. «On était habitués à sa présence», souligne cette habitante installée à Windsor depuis 18 ans, venue «dire adieu à l'un de ses voisins»: «C'est un homme incroyable qui nous quitte, tout le pays est tellement triste».

Saluant le dévouement du prince Philip, Santosh Singh, venue déposer des tulipes au palais de Buckingham, raconte sa peine, et déplore «qu'avec le temps tout ça changera pour une autre ère».