Deux médiums racontentElles écoutent les messages des défunts... pour votre bien!
Valérie Passello
25.4.2023
Servir d'intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts. C'est ainsi que se définit le rôle de médium. Doués d'une sensibilité particulière, ces derniers transmettent, depuis la nuit des temps, les messages des défunts à leurs proches restés sur terre. Rencontre avec deux médiums romandes, qui racontent comment elles ont apprivoisé ce «don» et leur différentes expériences dans le domaine.
Valérie Passello
25.04.2023, 07:15
Valérie Passello
«Honnêtement, j'ai longtemps cru que j'étais folle». Claudia Rochat a décidé d'exploiter ses compétences de médium il y a une dizaine d'années seulement, alors qu'elle les porte en elle depuis toujours.
«Quand j'étais toute petite, autour des deux-trois ans, j'ai un souvenir précis du jour où j'ai pris conscience de la mort. Je me rappelle que je pleurais, je pleurais, parce que j'avais compris qu'un jour je perdrais ma maman. C'était encore un peu centré sur moi. Après, j'ai toujours su qu'il y avait quelque chose. J'avais comme des voix dans la tête, mais je n'osais pas en parler», raconte cette habitante du Chablais vaudois.
Après un long parcours vers l'acceptation de ses facultés particulières, elle finit par se lancer, aussi encouragée par une certaine démocratisation de la pratique de la médiumnité dans la société: «C'est rare que je me sente à ma place, mais lorsque je fais des consultations, c'est vraiment le cas», confie-t-elle.
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Pour Myriam Cannistra, qui vit dans la même ville que Claudia, les premiers souvenirs d'une sensibilité médiumnique remontent aussi à l'enfance: «J'avais neuf ou dix ans quand j'ai commencé à voir des fantômes, en fait. Je voyais des silhouettes, des gens qui passaient, alors qu'il n'y avait personne». Elle en parle à ses parents, mais ceux-ci ne veulent rien savoir, relate-t-elle. «J'ai vite compris que c'était quelque chose pour moi», sourit-elle.
Ado, Myriam commence à tirer les tarots pour ses copines. Elle se souvient: «C'était pour rigoler, mais à tous les coups ça sortait juste». Après s'être renseignée en autodidacte en lisant des ouvrages sur la médiumnité, elle prend le temps de développer ses aptitudes «plus sérieusement» autour de la trentaine.
Des manifestations différentes
Si les deux femmes ont des points communs, la manifestation des défunts auprès de chacune n'est pas la même. Myriam assure qu'elle les voit, mais ne les entend pas. Elle peut les décrire précisément, discerne leur habillement, leurs expressions et leurs gestes, mais ils communiquent avec elle par signes.
Le mot de la Rédaction: pourquoi un tel article?
blue News/ Valérie Passello, journaliste
La quête de vérité est la pierre angulaire du rôle du journaliste. Toutefois, il n'est pas aisé de trouver «la vérité» lorsque l'on évoque un sujet qui touche au surnaturel, à la sensibilité et à l'au-delà. Dans ce domaine, les vérités sont multiples, les «faits» sont invérifiables. En tant que journalistes, notre rôle est aussi d'être curieux et de rester ouverts à tout. C'est dans l'optique de mieux comprendre, sans jugement, ce que vivent les médiums et comment ils parviennent à «se connecter» que je me suis entretenue avec Claudia Rochat et Myriam Cannistra. À noter que toutes deux ont répondu à un appel que j'avais lancé sur ma page Facebook. Dans un souci de totale transparence, il faut relever que je les connaissais déjà avant de réaliser ce sujet, mais dans d'autres contextes, qui n'ont rien à voir avec leur activité de médium.
«Une fois, on m'a demandé un prénom, et la défunte que je voyais l'a écrit avec de la lumière, un peu comme celle d'une allumette bengale», raconte-t-elle. En de nombreux endroits, dans toutes sortes de contextes, elle «voit passer des gens».
Claudia, elle, les entend: «Je les vois aussi, mais parfois je ne les distingue pas bien tout de suite», explique-t-elle. À chaque fois que quelqu'un l'appelle pour une consultation, elle rapporte qu'«un ou plusieurs défunts se mettent en route» pour venir la trouver. Les yeux clos comme pour revoir les scènes vécues, elle poursuit: «Au début, je devais trouver les mots pour exprimer les ressentis que j'avais. Mais au fur et à mesure de ma pratique, ça s'est amélioré: ils me parlent de mieux en mieux». Elle se dit ainsi plus à même de transmettre les messages avec des mots «qui ne sont pas les siens».
Chez Claudia, il y a une dualité à chaque vision: les défunts lui apparaissent au-dessus de l'épaule droite, alors que «ses guides», comme elle les appelle, veillent sur elle en permanence au-dessus de son épaule gauche. Contrairement à Myriam qui ne voit que des humains, Claudia parvient aussi à entrer en communication avec les animaux.
Les deux médiums ont suivi des formations afin de mieux maîtriser leur don. Claudia pour le développer, Myriam surtout pour le canaliser.
Cette dernière se souvient: «J'ai eu une période où j'étais très fatiguée, car j'étais connectée en permanence, je ne m'arrêtais jamais». Depuis, elle a appris entrer en méditation pour être ouverte aux messages durant ses consultations, mais aussi à «couper la communication, comme on se met en mode avion sur le téléphone», au moment de retourner vaquer à ses occupations quotidiennes.
Selon les deux femmes et ce qu'elles ont appris durant leurs différents cours et stages, «tout le monde» serait capable de développer ses propres capacités médiumniques, à condition d'y être ouvert.
De l'amour avant tout
Tant l'une que l'autre ne parlent que de bienveillance dans leur pratique de la médiumnité, toutes deux désirant avant tout aider les vivants. Elles précisent aussi qu'elles préfèrent ne pas avoir trop d'informations en amont, afin de ne pas parasiter les messages des défunts, préférant que les personnes venues les consulter valident ce qu'elles perçoivent.
Même si elle reconnaît que parfois, elle a un peu trop tendance à absorber les émotions, Claudia relève: «À chaque fois, après une consultation, je suis remplie d'énergie. Les gens en ressortent heureux. Ils ont pu dire au revoir, recevoir encore quelque chose ou accepter un peu plus le décès d'un proche. C'est merveilleux!»
Myriam confirme: «Je travaille toujours avec le chakra de l'amour, le chakra du coeur. Je demande des messages et des informations pour le plus grand bien de tous. Je ne souhaite pas apprendre des choses que les personnes venues consulter ne sont pas prêtes à entendre. En sortant de chez un médium, il est très important que la personne se sente mieux».
Un autre monde
Claudia est catégorique: «Cet amour qui est de l'autre côté et qui passe comme ça, juste de le sentir, cela me rend heureuse». Elle note toutefois qu'elle reste triste, comme tout le monde, lorsqu'un être cher disparaît: «Bien sûr, on peut les voir de temps en temps, mais ce n'est quand même pas la même chose», souligne-t-elle.
Certes, la plupart du temps, les défunts transmettent des messages apaisants et apaisés depuis ce que Myriam appelle «les mondes parallèles». Mais si elle ne craint pas de passer un jour dans cet au-delà qui lui est familier, elle précise: «J'estime que l'on a tous notre place ici, sur cette terre, et que l'on a tous un chemin à faire et quelque chose à apporter à d'autres personnes. Peut-être que ceux qui s'enlèvent la vie enlèvent aussi quelque chose à quelqu'un d'autre».