Soins palliatifsLes «derniers secours» ou comment faire face à la fin de vie
mabr, ats
21.10.2023 - 10:43
L'association palliative vaud propose des cours de «derniers secours» pour offrir des pistes face à la fin de la vie. Ce concept, créé par opposition aux «premiers secours» par l'urgentiste et palliativiste allemand Georg Bollig, ambitionne d'offrir au grand public des connaissances de base pour pouvoir réagir à l'approche de la mort d'un proche ou de toute autre personne.
Keystone-SDA, mabr, ats
21.10.2023, 10:43
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«Chacun devrait posséder de telles compétences, car on sera tous confronté une fois ou l'autre, voire plusieurs fois, à la fin de vie», explique Esther Schmidlin, responsable de mission chez palliative vaud, interrogée par Keystone-ATS. Il ne s'agit pas de donner à chacun des compétences de professionnels, mais plutôt des capacités de réaction suivant les situations.
«Aujourd'hui les gens comprennent mal le concept de soins palliatifs, ils pensent que cela concerne les dernières heures, ou les dernières semaines d'une personne, mais en réalité l'accompagnement global arrive souvent plus tôt», poursuit cette infirmière spécialisée.
Le concept s'inscrit dans l'idée d'un mouvement citoyen solidaire et d'une communauté où les individus prennent soin des uns des autres ("caring community"). «Je peux par exemple me demander comment va ma voisine de 84 ans et ce que je peux faire pour elle», relève Esther Schmidlin. Le vieillissement de la population et la pénurie annoncée de personnel médical vont, selon elle, accroître ces besoins.
Massages et soins de bouche
Le cours de derniers secours est gratuit et consiste en quatre thèmes de 45 minutes, abordés sur une demi-journée. Parmi eux: «la mort fait partie de la vie», «anticiper et prendre des décisions», «soulager des souffrances» et «faire ses adieux». Limitée à 20 personnes, la formation est toujours dispensée par deux professionnels avec une expérience en soins palliatifs.
Les participants apprennent entre autres à communiquer avec une personne malade. «Qu'est-ce qui est bien de lui demander ou non, comment réagir si elle dit vouloir mourir», illustre Esther Schmidlin. Ils apprennent aussi à reconnaître les signes de l'approche de la mort, ainsi qu'à réaliser certains gestes simples, comme des soins de bouche, des massages ou des exercices de respiration destinés à soulager une personne mourante.
L'objectif consiste à donner des pistes et à indiquer les ressources disponibles en fonction des besoins. La formation est ouverte à tous et ne se destine pas spécifiquement aux proches aidants, même s'ils y sont les bienvenus, explique la spécialiste en soins palliatifs.
Dans les faits, les cours sont fréquentés à 80% par des femmes, dont la plupart ont plus de 50 ans. Les motivations varient. «Beaucoup de participants se préparent à la mort de leurs parents, des plus jeunes viennent parce qu'ils ont vécu la mort d'un proche. On a même eu une dame de 92 ans qui voulait se préparer à sa propre mort», raconte Esther Schmidlin.
Projet pilote pour les 8-16 ans
Palliative vaud prépare actuellement un projet-pilote pour les enfants et adolescents de 8 à 16 ans. «Le cours est le même mais la méthodologie est plus ludique et créative», précise Esther Schmidlin. «Les jeunes font aussi tous l'expérience de la mort, que ce soit d'un grand-parent ou d'une autre personne.»
En Suisse romande, les premiers cours ont eu lieu en 2019 dans le canton de Vaud. Depuis, le concept se répand. Esther Schmidlin et ses collègues de palliative vaud ont formé des intervenants ces dernières années dans les cantons du Valais, Fribourg, Jura, Berne, Neuchâtel, et tout dernièrement dans celui de Genève.
L'intérêt pour les cours est parfois fluctuant. Esther Schmidlin espère qu'à l'instar de certaines sociétés en Suisse alémanique, des entreprises romandes offriront bientôt ces formations à leurs employés.