TechnologiesLes enfants, la ligne rouge à ne pas franchir pour Facebook?
AFP
7.10.2021 - 08:01
Aucun scandale n'a jamais vraiment affaibli Facebook, mais certains experts pensent que le géant des réseaux sociaux a peut-être franchi une ligne rouge en ne protégeant pas suffisamment les enfants qui risquent de souffrir à cause de ses plateformes.
AFP
07.10.2021, 08:01
07.10.2021, 08:03
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Aucun scandale n'a jamais vraiment affaibli Facebook, mais certains experts pensent que le géant des réseaux sociaux a peut-être franchi une ligne rouge en ne protégeant pas suffisamment les enfants qui risquent de souffrir à cause de ses plateformes.
La lanceuse d'alerte Frances Haugen, une ancienne ingénieure de Facebook, a fait fuiter des documents internes qui ont entaché la réputation du groupe, déjà ternie par de nombreuses affaires.
Les plus dévastateurs sont ceux qui montrent que les dirigeants du réseau savaient qu'Instagram pouvait potentiellement empirer la situation d'adolescentes anorexiques ou suicidaires.
«Le sujet des enfants affectés de façon négative par Instagram ou d'autres plateformes peut mettre d'accord les républicains et les démocrates», note Paul Barrett, directeur adjoint du Stern Center for Business and Human Rights de l'université de New York.
Effet pas garanti
Selon lui, les sénateurs des deux camps ont rarement été aussi polis entre eux que lors de l'audition de mardi, quand ils ont reçu la lanceuse d'alerte pour mieux comprendre comment Facebook appréhende ces questions.
Mais pas sûr que ce regain de passion contre la firme californienne ne se traduise en nouvelles lois ou procès.
Au lendemain d'une audition très médiatisée, les mêmes obstacles au changement sont toujours en place: le rythme (lent) des autorités contre celui (rapide) de la Silicon Valley, les divisions des élus quand l'heure du vote survient ou encore les lois existantes.
Facebook a été mis en cause pour son rôle dans de nombreux scandales et drames, des fuites de données confidentielles ou des événements violents dans différents pays.
En amont d'élections en 2016, le cabinet britannique Cambridge Analytica avait ainsi détourné les informations personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook à des fins de propagande.
Le fondateur et patron Mark Zuckerberg avait fini par présenter des excuses à Washington et l'entreprise avait passé un accord en 2019 avec les autorités américaines. L'amende, 5 milliards de dollars, l'a à peine freiné dans sa course pour devenir l'un des groupes les plus chers au monde.
«Courage»
Facebook, comme ses voisins Apple et Google, est passé maître dans l'art de lâcher du lest au bon moment, quand l'étau se resserre un peu trop fort, pour éviter des mesures politiques drastiques. Et les élus peinent à trouver des angles d'attaque concrets, car l'industrie de la tech contrôle de très près sa communication.
D'après Frances Haugen, l'une des croyances prévalentes chez Facebook est que «si des informations sont partagées avec le public, elles ne seront pas correctement comprises».
Les élus ont donc encouragé d'autres employés à révéler des secrets. «Il y a des gens qui travaillent pour Facebook qui aimeraient avoir l'opportunité et le courage de parler comme vous», a déclaré le sénateur Richard Blumenthal mardi.
Si jamais les politiques américains décidaient d'agir au-delà des remontrances, il faudrait qu'ils se concentrent sur la protection de l'enfance, a commenté Paul Barrett.
Sinon le sénateur texan Ted Cruz, un républicain remonté contre les réseaux sociaux, «repartirait de plus belle sur le thème du complot pour censurer les conservateurs en ligne», a souligné l'universitaire.
Et même si les élus réussissaient à aller de l'avant sur l'un des nombreux projets de loi déjà dans les tuyaux pour réguler les plateformes, Facebook, qui ne lésine par sur le lobbying, ne se laissera pas faire.
«Au coeur de ces accusations réside l'idée que nous privilégions les profits plutôt que la sécurité et le bien-être. Ce n'est tout simplement pas vrai», a écrit Mark Zuckerberg sur son profil mardi soir.
Reprenant de nombreux points du témoignage de la lanceuse d'alerte, il a rétorqué: «si nous voulions ignorer la recherche, pourquoi créerions-nous un programme d'études de pointe pour comprendre ces problèmes importants? Si nous ne nous soucions pas de lutter contre les contenus préjudiciables, pourquoi embaucherions-nous autant de personnes qui s'y consacrent?».