Santé publique Les gamers auraient davantage de risques de devenir sourds

Relax

18.1.2024 - 13:35

(ETX Daily Up) – Le temps passé devant les écrans est au cœur des préoccupations dans de nombreux pays, dont la France, en raison notamment des risques qu'ils induisent en termes de santé publique. Alors que des études ont déjà pointé du doigt leur impact sur la santé mentale et la sédentarité, de nouveaux travaux révèlent aujourd'hui que les adeptes de jeux vidéo auraient davantage de risques de devenir… sourds. Explications.

Casque vissé sur les oreilles, niveaux sonores élevés : les gamers auraient davantage de risque de perdre l'audition ou de développer des acouphènes irréversibles, révèle une étude.
Casque vissé sur les oreilles, niveaux sonores élevés : les gamers auraient davantage de risque de perdre l'audition ou de développer des acouphènes irréversibles, révèle une étude.
Peter Berglund / Getty Images

ETX Studio

Lors de sa conférence de presse organisée mardi, le président de la République a annoncé sa volonté de «réguler l’usage des écrans chez les jeunes enfants» et a réuni un comité d'experts pour formuler de nouvelles recommandations en la matière. Au-delà de la question de la désinformation – «Accéder à l’information sans repères, ça donne un rapport à la vérité et à la contre-vérité qui est un vrai sujet pour nos démocraties», a indiqué le chef de l'Etat – il s'agit d'un problème de santé publique, et ce bien que les études scientifiques se succèdent et se contredisent sur le sujet. Si plusieurs d'entre elles ont mis en lumière l'impact négatif des écrans sur la santé physique et mentale, d'autres ont relativisé ces effets, et une récente étude a même révélé que l'usage d'internet ne portait pas atteinte au bien-être des utilisateurs. On l'aura compris, il n'y a pas à date de consensus sur le sujet, d'autant que les avis divergent selon l'âge des enfants, le type d'écrans utilisés, ou encore le type de contenus visionnés.

«Des pertes auditives irréversibles»

C'est sur les jeux vidéo que s'est penchée une nouvelle étude internationale qui pointe du doigt leurs effets sur la santé physique, et plus spécifiquement sur l'audition. On y apprend que les gamers seraient davantage susceptibles de développer certains troubles de l'audition, en raison notamment des niveaux sonores élevés engendrés par un tel usage. Publiés dans la revue BMJ Public Health, ces travaux qui portent sur plus de 50.000 personnes évoquent «des pertes auditives et des acouphènes irréversibles». Des effets négatifs qui résulteraient «de niveaux sonores sont souvent proches des limites de sécurité autorisées, voire les dépassent», comme le soulignent les chercheurs dans un communiqué.

Pas moins de 14 études provenant de neuf pays d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Asie du Sud-Est, d'Asie, d'Australie et de Nouvelle-Zélande ont été incluses dans cette analyse qui porte sur 53.833 personnes. Les auteurs de ces travaux précisent que la majorité d'entre elles sont des études de cohorte observationnelles, dont six se sont attachées à évaluer un lien potentiel entre l'audition et les jeux informatiques ou vidéo et quatre se sont basées sur les centres de jeux, populaires en Asie. Que ce soit dans les centres de jeux ou à domicile via un casque ou des écouteurs, il en ressort que les gamers sont régulièrement exposés à des niveaux sonores élevés, voire très élevés, proches – sinon plus importants – des limites autorisées.

Mettre l'accent sur la sensibilisation

«Alors que les casques, les écouteurs et les salles de concert sont reconnus comme des sources de niveaux sonores potentiellement dangereux, les effets des jeux vidéo, y compris les sports électroniques, sur la perte auditive n'ont pas fait l'objet de beaucoup d'attention. Les gamers jouent souvent à des niveaux sonores élevés et pendant plusieurs heures d'affilée», affirment les chercheurs à l'origine de ces travaux. Et d'ajouter que ces conclusions doivent servir à sensibiliser les personnes concernées aux risques potentiels induits par les jeux vidéo.

A noter toutefois que la plupart des études évaluées datent du début des années 1990, et que seules deux d'entre elles ayant été rendues publiques au cours des dix dernières années «ont mesuré objectivement les niveaux sonores moyens des jeux vidéo ou des centres de jeux». D'autres données, comme l'impact de l'âge sur la perte auditive, ou du type de jeux vidéo, mériteront également des recherches futures plus approfondies pour délivrer de nouvelles recommandations.

«Bien que les données fournies dans cette revue soient limitées, elles suggèrent que certains joueurs, en particulier ceux qui jouent fréquemment, et à des niveaux sonores moyens – ou au-dessus – décrits par les articles inclus dans cette revue, dépassent probablement les limites d'exposition sonore autorisées, et s'engagent donc dans des pratiques d'écoute dangereuses, ce qui pourrait les mettre en danger de développer une perte auditive permanente et/ou des acouphènes», concluent toutefois les scientifiques. Et de proposer: «Les résultats suggèrent qu'il pourrait être nécessaire de donner la priorité à des interventions, telles que des initiatives axées sur l'éducation et la sensibilisation aux risques potentiels du jeu, qui peuvent aider à promouvoir une écoute sûre parmi les joueurs».