Conservatoire de Lausanne Les professeurs ont fait des propositions et attendent une réaction

La crise entre les professeurs et la direction du Conservatoire de Lausanne ne faiblit pas. Les enseignants ont présenté en décembre une série de propositions pour combler les 300'000 francs de déficit budgétaire annuel annoncé et attendent une réaction.

Parmi ces propositions figure la prise en compte du temps consacré à l'enseignement de la musique de chambre, dont le total se situerait entre 285 et 360 heures par an. «Il s'agit d'heures fournies gratuitement par les professeurs pour mener à bien des projets», a expliqué mardi à la presse un membre de la délégation du syndicat SUD et de l'Association des professeur.e.s du Conservatoire de Lausanne.

«Ces économies sont connues de la direction, mais elles ne sont pas subventionnées car elles n'ont jamais été déclarées par cette dernière à la Fondation pour l'enseignement de la musique», explique la délégation emmenée par le secrétaire fédéral du syndicat SUD, José Daniel Pernas. Pourtant, «ce temps d'enseignement représente environ 50'000 à 80'000 francs par an de subventions supplémentaires».

La délégation a également proposé «une nouvelle gouvernance du Conservatoire de Lausanne par le collège de doyens». Selon elle, cette mesure «permettrait d'économiser environ la moitié du salaire du directeur actuel», soit une économie annuelle supplémentaire de 50'000 à 60'000 francs.

Appel à un geste de la direction

Ces deux propositions, couplées à une nouvelle «clé de répartition» entre la Haute Ecole de Musique et le Conservatoire prévoyant une économie budgétaire de 66'000 francs, ainsi qu'à des sacrifices financiers déjà fournis par les enseignants, permettraient de combler une bonne partie du déficit annuel. «Si toutes ces mesures sont utilisées, il ne devrait plus rester grand chose à éponger», a estimé un des membres de la délégation préférant rester anonyme.

«Ce qui pourrait éventuellement manquer pour atteindre l'équilibre budgétaire pourrait facilement provenir d'un subventionnement supplémentaire ou encore d'une réduction de traitement des dirigeants», ajoute la délégation. Selon celle-ci, une telle mesure serait «une contribution juste et proportionnée à l'effort général».

Les professeurs estiment qu'au vu de cela, il n'y a pas lieu de modifier les statuts, les conditions de travail ou encore les échelles salariales les concernant. La délégation attend cependant un retour de la direction et déplore «une communication hallucinante» n'amenant jamais de réponse.

Défiance face à l'audit

Le Conservatoire de Lausanne se trouve en crise depuis sa volonté annoncée en février 2021 de prendre des mesures pour assurer sa survie, en raison d'un déficit annuel de 300'000 francs. Sa direction indiquait vouloir abandonner «le taux horaire privilégié» dont bénéficient les plus anciens collaborateurs, qui sont désormais placés sur le même taux que leurs collègues.

Elle expliquait qu'elle ne pouvait plus maintenir une échelle de salaires supérieure aux recommandations de la Loi sur les écoles de musique (LEM). En revanche, aucun licenciement n'était prévu.

Ses six doyens ont démissionné en bloc à la fin janvier, dénonçant une gouvernance «inconséquente, autoritaire et dangereuse». La direction a mis en place une Commission musicale intérimaire et annoncé un audit dont les résultats sont attendus en mai prochain.

La délégation a déclaré n'attendre «rien de sérieux» de cet audit. «Nous sommes sûrs que le directeur du Conservatoire, John Cohen, va partir, mais que la directrice de la Haute école de musique Vaud-Valais-Fribourg et du Conservatoire de Lausanne (HEMU-CL), Noémie Robidas, va rester, sinon la déstabilisation serait trop grande», a prédit José Daniel Pernas.

Le Conservatoire de Lausanne compte environ 1200 élèves et 80 professeurs. Son budget 2022 se montait à 8,2 millions de francs.

mabr, ats