«Nous sommes anéantis»Les rêves brisés de migrants vénézuéliens morts dans le crash au Brésil
AFP
11.8.2024
Avec son fils et sa mère, Josgleidys avait embarqué pour un long voyage qui devait leur permettre de revoir leur Venezuela natal. Mais les rêves de la jeune femme et de sa famille se sont brisés dans le crash de leur avion au Brésil.
AFP
11.08.2024, 20:08
Marc Schaller
Ces Vénézuéliens qui avaient émigré au Brésil comptaient parmi les 62 personnes - 58 passagers et quatre membres d'équipage - se trouvant à bord de l'appareil lorsqu'il s'est écrasé vendredi sur une zone d'habitation de la ville de Vinhedo, dans l'Etat de Sao Paulo (sud-est).
Josgleidys Gonzalez avait 25 ans et son bébé Joslan quelques mois seulement quand ils sont arrivés il y a quatre ans à Cascavel, une cité de 350.000 habitants de l'Etat du Parana (sud du Brésil), où elle était caissière dans un supermarché, raconte à l'AFP Thaiza Evangelista, une de ses amies brésiliennes.
Comme Josgleidys, son fils et sa mère Maria Gladys Parra, quelque 7,7 millions de personnes ont quitté le Venezuela ces dernières années en raison de la grave crise politique et économique qui y sévit, selon l'ONU.
Mais pour cette famille, l'expérience brésilienne s'était révélée décevante, en raison du coût de la vie. Elle avait donc décidé de rejoindre la Colombie, après une étape prévue au Venezuela pour des démarches administratives.
«Ils avaient l'intention d'aller en Colombie parce qu'ils avaient des proches là-bas et qu'ils n'auraient pas eu à payer pour un logement, parce qu'ici le plus difficile c'était le loyer», explique Mme Evangelista, qui, dans les semaines ayant précédé le départ, avait aidé la famille dans ses préparatifs.
Avec la chienne Luna
Cette Brésilienne de 52 ans qui se dédie à la protection des animaux a aussi convaincu son amie d'emporter leur chienne de six mois, Luna. Elle avait même lancé une collecte pour régler les frais supplémentaires induits, surtout pour Joslan, dit-elle, «qui pleurait sans arrêt car il ne voulait pas la laisser».
Leur périple commençait par le vol qui devait les conduire à Sao Paulo. Puis ils devaient prendre un autre avion pour Boa Vista (nord) et, de là, monter dans une camionnette jusqu'à Pacaraima, près de la frontière, et, enfin, dans un car qui devait mettre 12 heures pour rejoindre leur ville natale au Venezuela, la cité industrielle de Ciudad Bolivar.
«Elle m'a envoyé à 11H16 (14H16 GMT, ndlr) un dernier message : tout se passait bien et ils allaient monter dans l'avion», se rappelle Thaiza Evangelista.
Plus tard, cette dernière a commencé à recevoir des messages évoquant le crash d'un avion allant à Sao Paulo.
«J'étais désespérée, j'ai parlé avec tout le monde, la liste (des victimes) ne sortait pas, jusqu'à ce que j'aie la confirmation que c'était ce vol», confie-t-elle au téléphone de Cascavel, où amis et voisins se sont réunis après la tragique nouvelle.
La compagnie aérienne Voepass a confirmé qu'à bord de l'appareil du vol 2283 se trouvaient Josgleidys, Maria Gladys et Joslan, ainsi que leur chienne Luna.
«Une guerrière»
Josgleidys était «une guerrière» et elle «était très aimée. C'est très difficile de garder la douceur, l'honnêteté, l'intégrité, en étant passée par tant de choses si dures», souligne son amie.
Neirelis Orta, une Vénézuélienne de 33 ans qui avait aussi émigré au Brésil et vit depuis février à Cascavel, travaillait avec Josgleidys au supermarché.
«Elle économisait pour aller retirer ces papiers» pour son fils au Venezuela, explique-t-elle à l'AFP. «Cela me rend très triste, se priver de tant de choses, de manger, de t'acheter un vêtement qui te plaît parce que tu as un projet, un voyage, et que tes rêves finissent comme ça, d'un coup».
«Nous sommes anéantis et tout ce qu'on dit c'est qu'elle ne méritait pas ça. Pleine d'illusions, de rêves. C'est affreux».