L'exercice du journalisme, «principal vaccin» contre la désinformation en pleine pandémie de Covid-19, est «totalement ou partiellement bloqué» dans plus de 130 pays, alerte Reporters sans frontières (RSF). L'ONG a publié mardi l'édition 2021 de son classement mondial de la liberté de la presse.
Affiche représentant le journaliste algérien Khaled Drareni, alors incarcéré, réalisée par l'artiste et peintre français Christian Guemy alias C215, à Paris, le 15 octobre 2020
Le président brésilien Jair Bolsonaro à Brasilia, le 9 février 2021
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban à Budapest, le 1er avril 2021
RSF: «Vaccin contre la désinformation», le journalisme entravé dans quelque 130 pays - Gallery
Affiche représentant le journaliste algérien Khaled Drareni, alors incarcéré, réalisée par l'artiste et peintre français Christian Guemy alias C215, à Paris, le 15 octobre 2020
Le président brésilien Jair Bolsonaro à Brasilia, le 9 février 2021
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban à Budapest, le 1er avril 2021
Au total, 73% des 180 pays évalués par RSF se caractérisent par des situations jugées «très graves», «difficiles» ou «problématiques» pour les journalistes. Ils sont ainsi classés noir, rouge ou orange sur la carte du monde de la liberté de la presse.
Si cette proportion reste stable sur un an, seuls 12 pays sur 180, soit 7%, contre 8% l'année dernière, affichent une «bonne situation». Cette «zone blanche» n'a «jamais» été «aussi réduite depuis 2013», d'après RSF.
En outre, la pandémie de Covid-19 a représenté «une forme d'opportunité pour des Etats qui ont pu restreindre la liberté de la presse», souligne à l'AFP le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Elle a ainsi exacerbé la répression dans les pays les plus «muselés» comme l'Iran (174e, -1), l'Arabie saoudite (170e), l'Egypte (166e) ou la Syrie (173e, +1), d'après l'ONG.
Europe, région la plus sûre
Elle a également «provoqué une énorme fermeture des accès» au terrain et aux sources d'informations pour les journalistes, insiste M. Deloire. La situation est d'autant plus préoccupante que le journalisme est le principal rempart contre la «viralité de la désinformation», parfois alimentée par les gouvernements eux-mêmes.
Les présidents Jair Bolsonaro au Brésil (111e, -4) et Nicolás Maduro au Venezuela (148e, -1) ont ainsi «fait la promotion de médicaments dont l'efficacité n'a jamais été prouvée par le monde médical», rappelle RSF.
Au bas du classement figurent toujours la Chine (177e), devant le Turkménistan (178e, +1), la Corée du Nord (179e, +1) et l'Erythrée (180e, -2).
En haut du tableau, la Norvège conserve sa première place pour la cinquième année consécutive, devant la Finlande et la Suède, redevenue troisième au détriment du Danemark (4e, -1). La Suisse pointe au dixième rang.
Si l'Europe reste la région la plus sûre, les agressions et interpellations abusives s'y sont multipliées, notamment en Allemagne (13e, -2), en France (34e) lors des manifestations contre le projet de loi «sécurité globale», en Italie (41e), en Pologne (64e, -2), en Grèce (70e, -5), en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e, -1).