Logements, musée, prison Les métamorphoses des villages olympiques

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3.3.2024 - 10:55

(AFP) – Les villages olympiques, souvent destinés à devenir des logements, comme celui de Paris-2024 inauguré jeudi, ont aussi connu d'autres reconversions, du musée berlinois au mémorial de Munich en passant par la prison de Lake Placid.

Vue des bâtiments du village olympique de Paris 2024 le jour de son inauguration à Saint-Denis.
Vue des bâtiments du village olympique de Paris 2024 le jour de son inauguration à Saint-Denis.
Ludovic MARIN / POOL / AFP

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À l'image des tentes d'Olympie sous lesquelles dormaient les athlètes des Jeux antiques, les sportifs de l'ère moderne ont d'abord dû se contenter de conditions de vie spartiates.

À Anvers en 1920, la délégation américaine est logée à bord d'un vieux navire de guerre insalubre. A Paris en 1924, le village olympique est éphémère, avec une soixantaine de baraques en bois dressées près du stade de Colombes et démontées ensuite.

Il faut attendre Los Angeles en 1932 pour que sorte de terre le premier village officiel avec une centaine d'habitations accueillant 2.000 sportifs. Mais sous l'effet de la Grande dépression, tout est démonté et les matériaux récupérés ou revendus.

Tous les Jeux vont avoir désormais leur village, sauf ceux de 1948 tenus dans une ville de Londres sinistrée au sortir de la Deuxième Guerre mondiale.

Après chaque olympiade, les villages deviennent en grande majorité des quartiers résidentiels, accueillant souvent des étudiants ou des ménages modestes.

A Melbourne en 1956, quelque 4.000 familles défavorisées s'installent ainsi dans le quartier d'Heidelberg.

Après les Jeux d’hiver de Grenoble en 1968, le quartier qui a accueilli les sportifs conserve son nom de «Villeneuve-Village olympique». Sa réhabilitation n’a toutefois pas eu le succès escompté, et il est devenu l'un des plus pauvres de la ville.

Controverse après Lake Placid

Dans une étude de 2011, le groupe immobilier East Thames Group pointe la construction «dégradée» et «peu respectueuse de l'environnement» du village des Jeux d'Athènes de 2004.

Le contexte économique pèse lourd. La crise financière a laissé le village des Jeux d'hiver de Turin de 2006 à l'état de quasi abandon. Les appartements de l'ancien village des Jeux de Rio de 2016 n'ont guère trouvé preneurs en raison de l'envolée des prix du marché.

Dès 1996, un symposium organisé par le CIO sur les «Villages olympiques, cent ans d'urbanisme et d'expériences partagées» invitait les villes-hôtes à «une évaluation réaliste de la demande de ce type de logement» afin d'éviter leur «sous-utilisation».

Mais c'est un autre usage des installations olympiques qui a déclenché une controverse mondiale à Lake Placid en 1980 où les deux villages des Jeux d'hiver ont été transformés en prison.

En dépit d'une mobilisation initiée par le groupe «Stop the Olympic Prison», l'établissement correctionnel Federal Ray Brook de l'Etat de New York ouvre ses portes. A l'entrée, le seul vestige de l'aventure olympique est un mât qui portait les drapeaux des nations participantes.

Lieu de mémoire, le village des Jeux de 1936 à Berlin, utilisés à des fins de propagande par le régime nazi, a été classé monument historique et accueille depuis 2004 un musée en plein air.

Le village olympique de Munich, théâtre en 1972 d'une sanglante prise d'otage d'athlètes israéliens par un commando palestinien (onze athlètes et un policier tués), abrite un mémorial dédié aux victimes.

Enfin à Sarajevo, le quartier d'habitation issu des Jeux d'hiver de 1984, a été détruit en avril 1992 lors de la guerre de Bosnie. Sa reconstruction, prise en charge par Barcelone, ville-hôte des Jeux de 1992, s'est achevée en 1999.