"Mafia des déchets" «Mafia des déchets»: centaines de milliers de tonnes «détournées»

ATS

22.11.2021 - 19:30

Des centaines de milliers de tonnes de déchets issus de chantiers «sont détournées dans des filières illégales», a estimé lundi un expert venu témoigner à l'ouverture du procès de la «mafia des déchets». Dix-sept prévenus y comparaissent jusqu'à vendredi à Draguignan.

Image d'illustration 
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KEYSTONE/Maxime Schmid

Ces 17 prévenus, dont sept entreprises, sont jugés devant le tribunal correctionnel notamment pour abandon et gestion irrégulière de déchets en bande organisée. Ils sont soupçonnés d'avoir organisé pendant des années le déversement sauvage de déblais de chantier dans la nature, parfois sur des zones naturelles classées. Ils encourent jusqu'à dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende.

Au total, 18 sites qui ont reçu des terres contenant parfois du mercure ou du plomb sont irrémédiablement pollués dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Parmi ces sites évoqués lundi, le château du Thouar au Muy, où les propriétaires avaient souhaité se faire livrer de la terre avant de planter ensuite des chênes truffiers. En guise de terre végétale, des dizaines de camions ont déversé des déchets de démolition contenant «de fortes teneurs en plomb et arsenic», a expliqué M. Dutoit.

Menaces de mort

La méthode «de la mafia des déchets» était simple: proposer via des petites annonces sur Le Bon Coin ou Facebook la livraison gratuite de terre. Mais au lieu de deux ou trois camions, certains sites ont vu défiler des centaines de poids lourds déversant des déchets de l'aéroport de Nice ou du futur site Pôle emploi de Cannes La Bocca, se transformant ainsi en véritables «déballes».

Les dix particuliers qui comparaissent, dont certains présentent des casiers judiciaire épais, étaient très bien organisés. «Des écoutes téléphoniques ont mis au jour les relations entre les différents protagonistes et leurs méthodes parfois violentes», a souligné le tribunal.

Des propriétaires qui ont protesté contre ces déversements sauvages ont en effet été menacés de mort. «Je leur ai demandé d'enlever la terre, ils ont dit non et m'ont menacé de m'enterrer dans le terrain», a témoigné en marge du procès l'une des victimes.