Une pratique marginale Manger du chien en Suisse est légal, mais les cas sont rares

ats

9.1.2024 - 18:43

La Corée du Sud a voté mardi une loi interdisant l'élevage et l'abattage de chiens à des fins de consommation. En Suisse par contre, tuer ce canidé pour le manger est légal dans un cadre privé, bien que la pratique soit vraisemblablement plus que marginale.

De la viande de chien exposée sur un marché en Chine (archives).
De la viande de chien exposée sur un marché en Chine (archives).
sda

Keystone-SDA, ats

«Dans un contexte privé, l'abattage et la consommation de chiens ne sont pas interdits» en Suisse, a indiqué l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) à Keystone-ATS. L'abattage doit cependant être effectué «dans les règles de l'art et conformément aux exigences de la législation sur la protection des animaux», poursuit l'OSAV.

Utiliser de la viande de chien dans la production de denrées alimentaires est, par contre, une pratique prohibée, précise l'office.

La dernière initiative en date pour faire interdire la consommation de viande de chiens et de chats en Suisse date de 2014, lorsque la Fondation neuchâteloise SOS Chats Noiraigue avait remis une pétition munie de 16'000 signatures au Parlement. La démarche avait cependant fait chou blanc, les deux chambres ayant refusé d'entrer en matière.

«Cas isolés»

Les commissions compétentes avaient estimé que la consommation d’animaux domestiques étant une pratique «très inhabituelle» en Suisse, une nouvelle réglementation dans ce domaine n'était pas nécessaire. En l'absence de chiffres officiels, il est extrêmement difficile d'évaluer à quel point la pratique est répandue.

La présidente de SOS Chats Noiraigue, Tomi Tomek, assure avoir documenté à l'époque des cas de chiens et de chats passés à la casserole, dans la région de Lucerne, dans les Grisons et à Saint-Imier (BE) notamment. Elle affirme qu'une paysanne de ce village du Jura bernois était connue pour recevoir toute sa famille à la période de Noël pour un festin de chats.

«Elle m'a même donné la recette, j'étais choquée et j'avais des nausées» en l'écoutant, a insisté la défenseuse des animaux. «Elle m'a expliqué qu'il fallait faire tremper la viande une nuit dans du lait avec du thym et du romarin, puis la cuire longtemps, comme le lapin».

La présidente de l'organisation de défense des chats basée à Neuchâtel déclare cependant ne plus se battre contre les mangeurs de chiens et de chats, car il s'agit entre-temps de «cas isolés». «La jeune génération n'a pas suivi», affirme-t-elle, «c'est une histoire ancienne».

Saucisses et pommades

L'organisation basée à Neuchâtel s'était attelée à l'interdiction de manger de la viande de chiens et de chats, forte de son succès en 2013 dans la prohibition du commerce des peaux de chat. Le but était de viser ensuite une interdiction de consommation élargie à d'autres animaux domestiques comme les lapins et les chevaux, selon Mme Tomek.

La viande de chien serait notamment consommée sous forme de saucisse et de viande séchée. La graisse du canidé entrerait également dans la confection de pommades par exemple.

La Protection suisse des animaux (PSA) a quant à elle affirmé ne pas être en mesure de prendre position sur le sujet et ne pas disposer d'informations.

Le Parlement sud-coréen a voté mardi une loi interdisant d'ici trois ans l'élevage, la vente et l'abattage de chiens à des fins de consommation, alors que le pays asiatique compte encore de nombreux élevages. Les contrevenants s'exposent à une peine pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et à une amende de 30 millions de wons (environ 19'000 francs suisses).