Procès Massacrés pour deux tracteurs: «Je veux que cet homme soit jugé au plus vite»

ss, ats

6.2.2023 - 12:15

La justice fribourgeoise se penche depuis lundi matin à Granges-Paccot sur le cas d'un agriculteur, accusé d'avoir abattu froidement un père et son fils un soir de mars 2020 à Sorens. Tous deux avaient été massacrés pour une vente de tracteurs jamais réalisée.

C'est à Sorens (FR), en mars 2020, que deux hommes ont été tués pour une sombre affaire de vente de tracteurs jamais réalisée (archives).
C'est à Sorens (FR), en mars 2020, que deux hommes ont été tués pour une sombre affaire de vente de tracteurs jamais réalisée (archives).
ATS

6.2.2023 - 12:15

C'est un procès sous haute tension qui s'est ouvert à Granges-Paccot, où le Tribunal pénal de la Gruyère s'est «expatrié» pour l'occasion dans une salle pouvant accueillir la quinzaine de journalistes présents, dont trois dessinateurs de presse et une quinzaine de spectateurs. Sur le banc des accusés: un agriculteur fribourgeois de 33 ans, d'apparence anodine et détenu en exécution anticipée de peine à la prison de Bellechasse.

En proie à de graves difficultés financières, le trentenaire, qui travaillait depuis dix ans sans véritable salaire dans l'exploitation familiale de son père, était censé livrer deux tracteurs d'occasion à un Macédonien de 47 ans domicilié à Cugy (VD) et à son fils aîné de 23 ans. Il avait touché 34'000 francs.

Mais, prétextant des problèmes d'immatriculation dû aux effets de la crise sanitaire sur l'Office de la circulation, l'agriculteur n'a pas livré les véhicules. Et pour cause: ils n'étaient en réalité pas à lui. Quant à l'argent reçu, il l'avait dépensé pour acheter notamment un cheval à sa petite-amie et le fusil de chasse qui servira à exécuter ses victimes.

Noyé dans une fosse à purin

Pour solder le litige, un rendez-vous avait été fixé le 24 mars 2020 à 20h00 dans le chalet d'alpage isolé que la famille de l'accusé possède sur les hauts de Marsens. C'est là que les choses ont dégénéré. L'accusé dit que l'ainé des Macédoniens l'aurait projeté au sol. Suite à cela, il avait tiré quatre balles sur les deux hommes, les mettant à terre. Puis, à court de munitions, il les avait violemment frappés à la tête avec sa crosse au point de la briser dans le choc.

L'agriculteur avait ensuite placé les corps dans un filet à foin lesté d'une plaque d'égout, puis les avait jetés dans la fosse à purin, alors remplie d'eau, qu'il avait pris soin d'ouvrir avant l'arrivée de ses victimes.

De son propre aveu, il aurait vu des bulles remonter à la surface. Et effectivement, l'autopsie a montré que le père de famille vivait encore à ce moment-là.

Après avoir pris soin de cacher toutes traces de son double crime et de se constituer un alibi, notamment en envoyant divers SMS à sa petite amie ou en se confectionnant une fausse quittance signée de sa victime, l'agriculteur a repris sa vie comme si de rien n'était jusqu'à son arrestation le lendemain soir. Ses aveux avaient suivi presque immédiatement.

La famille des disparus révoltée

La famille des disparus a pu témoigner lundi de sa douleur. «Cela fait trois ans que j'attends ce jour. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter que mon fils que j'ai élevé pendant 24 ans mérite une telle mort», a interrogé en larmes la veuve du chef de clan «Quand je vois des plaques d'immatriculation fribourgeoises, je tremble. Aujourd'hui, toute notre famille vit encore dans la peur. Cet assassin mérite la prison à vie ou la peine de mort!»

De son côté, la veuve du disparu de 23 ans, qui vit avec leurs deux filles de 4 et 7 ans dans une nouvelle maison, a souligné à quel point son mari était un bon père. «Nos filles sont conscientes que leur père ne reviendra jamais et pour elles, c'est un choc», a-t-elle. «Je veux que cet homme soit jugé au plus vite. Je n'ai pas envie de croiser son regard...»

De son côté, le fils et frère des disparus a relevé que «c'est très difficile, je n'arrive pas à me concentrer sur le travail, j'ai interrompu le premier apprentissage que j'avais commencé à l'époque du drame.» Et d'ajouter: «J'aimerais me défouler sur cet homme et me venger, même si je sais que ce n'est pas possible.»

Sa sœur, convaincue que l'accusé n'a pas agi seul, a évoqué de son côté «le stress, la peur, le manque au quotidien» et «l'impossibilité d'avancer comme souhaité dans la vie».

L'instruction se poursuit lundi après-midi. Le verdict sera connu le 1er mars.

ss, ats