Nouvelle vague #MeToo?Une liste noire de 10 stars du cinéma fait trembler le Festival de Cannes
AFP/blue News
13.5.2024
Alors que les festivaliers affluent sur la Croisette, des rumeurs d'accusations en lien avec #MeToo circulent depuis quelques jours. Une liste de dix noms d'hommes accusés d'agressions sexuelles pourrait être révélée lors de la première montée des marches.
AFP/blue News
13.05.2024, 13:46
13.05.2024, 14:07
Marc Schaller
Sur la Croisette, les commerçants, loin de ces bruits qui agitent les réseaux sociaux, s'activent face à l'arrivée des 35.000 festivaliers attendus du 14 au 25 mai.
«Franchement on voit vraiment la différence entre il y a une semaine et maintenant», constate Eva Zemame, 20 ans, une vendeuse de glaces. «Moi ce que je vois, c'est une effervescence sur les plages, tous les restaurateurs qui se préparent à accueillir les VIP, et dans les boutiques, les femmes qui regardent les robes de soirée», affirme Christine Capao, 60 ans, rencontrée dimanche par l'AFP.
Des hommes âgés entre trente et quarante ans
En coulisses, l'ambiance est tout autre avec des rumeurs d'accusations en lien avec #MeToo qui circulent depuis des semaines. Elles pourraient perturber la 77e édition du festival, sept ans après l'affaire Weinstein qui a lancé le mouvement de libération de la parole.
Le 5 mai dernier, Le Figaro a rapporté qu'une liste de dix noms d'acteurs, réalisateurs et producteurs accusés d'agressions sexuelles pourrait être révélée lors de la première montée des marches du Festival de Cannes.
Contrairement à ce qu'on pourrait attendre, il ne s'agirait pas de «boomers», mais plutôt de personnalités relativement jeunes, âgées entre trente et quarante ans, dont certaines ont débuté leur carrière dans le cinéma après l'avènement de #MeToo. Le média français n'a pas divulgué la source de cette liste, mais a affirmé qu'elle avait déjà été communiquée à des investisseurs du cinéma français.
Dans un éditorial diffusé sur l'émission de télévision «Quotidien», le chroniqueur politique Jean-Michel Apathie a exprimé ses craintes pour le cinéma français face à la perspective de la révélation d'une liste d'agresseurs sexuels présumés: «On tremble à Cannes. On tremble pour le cinéma.»
Une nouvelle vague Metoo promet de beaucoup faire parler au festival de Cannes... pic.twitter.com/6LYcy3hJfn
Le Festival de Cannes surveille de près la situation et aurait déjà sollicité les services d'une agence de communication de crise.
«Si le cas d'une personne mise en cause se présentait, nous veillerions à prendre la bonne décision au cas par cas», tentait de déminer récemment Iris Knobloch, la présidente du Festival.
Et les organisateurs ont rappelé dimanche leur engagement depuis 2018 dans la lutte contre les violences sexuelles, «qui ont trop longtemps eu cours» dans le 7e art, via une cellule d'assistance dédiée.
Le sujet sera abordé de front avec la venue dès mercredi de Judith Godrèche, devenue fer de lance de #MeToo en France.
La comédienne, qui a accusé de viols deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, présentera un court-métrage, «Moi aussi», réalisé avec un millier de personnes victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.
Mais c'est aussi sur le plan social que l'édition 2024 pourrait être agitée: un collectif rassemblant des attachées de presse, projectionnistes, chargés de billetterie et autres travailleurs du cinéma appelle à une grève. Ils demandent à bénéficier du statut d'intermittents du spectacle et ont reçu le soutien d'acteurs comme Louis Garrel et Swann Arlaud. Le Festival s'est dit prêt au dialogue.