Tribunal pénal fédéral Michael Lauber cité comme témoin au TPF

ATS

31.5.2019 - 16:12

Le procureur de la Confédération et un de ses adjoints ont été entendus vendredi devant le tribunal pénal fédéral dans une affaire impliquant un ex-membre de la Police judiciaire fédérale (archives).
Le procureur de la Confédération et un de ses adjoints ont été entendus vendredi devant le tribunal pénal fédéral dans une affaire impliquant un ex-membre de la Police judiciaire fédérale (archives).
Source: KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI

Le procureur de la Confédération et un de ses adjoints ont témoigné vendredi devant le TPF dans une affaire impliquant un ex-membre de la Police judiciaire fédérale (PJF). Celui-ci est accusé d'avoir accepté des avantages de la Russie dont une chasse à l'ours.

L'ex-policier de la PJF, 59 ans, enquêtait en étroite collaboration avec le Ministère public de la Confédération (MPC). Il aurait notamment bénéficié d'une semaine de chasse à l'ours au Kamtchatka, frais du séjour et de l'expédition payés par Moscou.

Dans son ordonnance pénale, le MPC avait condamné l'ex-policier à une peine pécuniaire avec sursis de 110 jours-amende à 190 francs la journée et à une amende de 2500 francs. Mais comme l'acte d'accusation ne retient plus qu'une petite partie des délits figurant dans l'ordonnance, le MPC ne requiert désormais plus qu'une participation de 1100 francs aux frais de procédure d'un montant total de 5500 francs.

L'ex-policier fédéral ayant contesté cette décision, celle-ci a valeur d'acte d'accusation devant le Tribunal pénal fédéral (TPF) à Bellinzone, où il était prévu qu'il comparaisse mardi prochain. Mais pour permettre l'audition de Michael Lauber à titre de témoin, empêché mardi pour une question d'agenda, le début de l'audience a été avancé à vendredi par le TPF.

«Sens de la mission»

M. Lauber a témoigné devant la cour de la compétence et de l'enthousiasme de l'accusé, relevant d'un «quasi sens de la mission». Sa connaissance de la Russie a été très utile dans les procédures du MPC, a-t-il poursuivi.

Il a même travaillé comme interprète. En revanche, M. Lauber ne savait rien de ces voyages payés entre 2014 et 2016 par les autorités russes: il ne l'a appris qu'au moment de la publication de l'ordonnance pénale.

Dans un premier temps, en février 2017, le MPC a reproché encore d'autres délits à l'accusé: usurpation et abus de fonction, ainsi que corruption. Une partie d'entre eux ont cependant été abandonnés dans l'ordonnance pénale, car ils n'ont pas pu être établis.

Passeport diplomatique

Vendredi matin, le procureur fédéral Patrick Lamon a également témoigné et décrit ses relations avec l'accusé. Responsable de la criminalité économique, il était en relation directe avec l'ex-policier.

Il n'a appris que par la suite les semaines de chasse payées à l'accusé. Ce dernier est même venu lui-même à son bureau pour lui dire qu’il avait fait une grosse bêtise en voyageant avec un passeport diplomatique.

Le témoignage du procureur de la Confédération Michael Lauber et du procureur Patrick Lamon a été réclamé à maintes reprises lors de l'instruction par le défenseur de l'ex-policier, Dominic Nellen. Mais ses demandes ont à chaque fois été rejetées, a déclaré à Keystone-ATS l'avocat. Ce dernier n'a pas eu plus de succès avec l'audition d'autres témoins.

Plaidoyer la semaine prochaine

D'après M. Nellen, son client a accompagné les procureurs Lauber et Lamon lors de plusieurs voyages en Russie. Quant au week-end de chasse à l'ours dont il a bénéficié en plus de la semaine au Kamtchatka, il a eu lieu à la connaissance et avec l'accord du MPC. M. Nellen va revenir sur ce point dans son plaidoyer la semaine prochaine.

L'avocat s'étonne dès lors que le MPC poursuive son client alors que celui-ci a travaillé et entretenu de nombreux contacts avec lui en tant que conseiller et spécialiste de la Russie. C'est notamment pour cette raison que Dominic Nellen a demandé à maintes reprises la désignation d'un procureur extraordinaire. En vain.

Le procès se poursuit mardi prochain. Viendra ensuite l'audition de l'accusé.

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