Milieu du pornoLa justice française requiert un procès contre 17 hommes
ATS
17.7.2023 - 22:55
Le parquet de Paris a requis lundi un procès contre 17 hommes, soupçonnés de violences sexuelles commises dans le cadre de la réalisation de vidéos pornographiques pour la plateforme française «French Bukkake», a appris lundi l'AFP de source proche du dossier.
Keystone-SDA
17.07.2023, 22:55
ATS
Au total 17 hommes – dont le dirigeant de la plateforme, son associé, un recruteur d'actrices, dix acteurs... – pourraient être jugés à Paris, notamment pour viols, viols en réunion, traite d'être humains en bande organisée ou proxénétisme aggravé.
L'information judiciaire, ouverte en octobre 2020, a révélé le cynisme violent d'une industrie pornographique «en proie à de vives tensions entre producteurs et réalisateurs», se livrant «à une rude concurrence pour découvrir de nouvelles actrices» et gagner davantage de spectateurs en ligne, souligne la procureure dans son réquisitoire.
Le recrutement pour «French Bukkake» (nom d'une pratique sexuelle) s'appuyait sur «un stratagème» qui consistait à «amadouer» de jeunes femmes précaires et les «orienter vers des tournages (...) où elles subissaient des nouveaux faits de viols aggravés» après ceux présumés commis par le recruteur.
Le parquet a demandé à l'encontre de ce recruteur, Julien D., un procès pour viols, complicité de viols en réunion et traite des êtres humains en bande organisée.
Alcool et drogues sans un mot
Lors des tournages, où la majorité des plaignantes ont évoqué la présence d'alcool et de stupéfiants, les acteurs «avaient interdiction de discuter» avec les actrices, remarque le parquet.
Ces dernières ont décrit «un état de sidération», découvrant «sur place» le nombre de partenaires masculins et n'étant «pas informées des actes sexuels qui seraient réalisés».
«Les actes sexuels s'enchaînaient sur leur personne par surprise, sans qu'elles soient en mesure de les appréhender et donc d'y consentir», dénonce le ministère public.
Les deux principaux accusés, le dirigeant du site et réalisateur Pascal OP et son associé Mathieu L., «savaient nécessairement que les plaignantes étaient victimes d'une machination lors de leur recrutement», estime le parquet, qui a exploité leurs échanges téléphoniques.
Un dix-huitième homme est également mis en cause, mais pour blanchiment de travail dissimulé.
Il revient désormais aux deux juges d'instruction chargées des investigations de se prononcer sur la tenue, ou non, d'un procès.