Tribunal pénal fédéralVaud: il voulait commettre des attentats, il a tué, il risque gros
sj, ats
16.6.2022 - 10:46
Le Ministère public de la Confédération (MPC) a déposé un acte d'accusation auprès du Tribunal pénal fédéral contre un Turco-Suisse de 28 ans en lien avec l'homicide à motivation djihadiste commis à Morges (VD) le 12 septembre 2020. La victime était décédée sur place.
Keystone-SDA, sj, ats
16.06.2022, 10:46
16.06.2022, 11:39
ATS
Selon l'acte d'accusation, l'inculpé, double national et domicilié dans le canton de Vaud, voulait déjà commettre un attentat en faveur de «l'Etat islamique» en 2019 par une tentative d'incendie volontaire à Prilly, a indiqué jeudi le MPC dans un communiqué.
Le MPC a mis en accusation le prévenu pour assassinat, tentative d'homicide intentionnel, lésions corporelles simples, menaces, violation de la loi fédérale sur l'interdiction des groupes «Al-Qaïda» et «Etat islamique» et des organisations apparentées. Il est aussi accusé de représentation de la violence, tentative d'incendie intentionnel, tentative de provoquer une explosion, violence et menace contre les autorités et les fonctionnaires ainsi que pour infraction à la loi sur les stupéfiants.
Concrètement, le MPC lui reproche «d'avoir planifié et mis en œuvre», le samedi 12 septembre 2020 à Morges, «un attentat à motivation djihadiste dans le but de venger les victimes de la guerre menée par les Etats de la coalition contre l'Etat islamique (EI)». L'attaque avait eu lieu en soirée vers 21h20 dans un restaurant kebab, situé près de la gare de Morges.
Le prévenu a mortellement blessé un ressortissant portugais de 29 ans à l'aide d'un couteau. Une personne présente aux côtés de la victime a été gravement choquée par l'agression au couteau, raison pour laquelle l'accusé est aussi renvoyé pour lésions corporelles simples et menaces.
Plusieurs précédents
Il est également accusé de plusieurs infractions commises avant l'attentat de Morges, entre autres pour avoir soutenu l'organisation criminelle EI en partageant du matériel de propagande avec d'autres personnes et en tentant de rejoindre l'EI sur le terrain dans la zone de conflit syro-irakienne, indique encore le MPC.
Pour ce faire, selon l'acte d'accusation, il est parti pour l'Italie en avril 2019 pour se rendre en Turquie, puis dans la zone de combats de l'EI en Syrie. Mais en Italie, il a fait demi-tour pour regagner son domicile en Suisse.
L'accusé était aussi en possession de plusieurs représentations de violence interdites en lien avec l'organisation criminelle EI. En outre, il est accusé de tentative d'incendie volontaire et de tentative d'explosion d'une station-service à Prilly en avril 2019. Selon le MPC, il voulait mettre le feu à la station-service et commettre ainsi un attentat en faveur de l'EI, ce qu'il n'a pas réussi à faire.
Après l'attaque de Morges, le MPC avait indiqué que cet individu était déjà dans le viseur du Service de renseignement de la Confédération (SRC) depuis 2017, «en raison de consommation et de diffusion de propagande djihadiste».
En prison depuis septembre 2020
Ce Turco-Suisse, 26 ans à l'époque des faits, est en détention provisoire depuis son arrestation le 13 septembre 2020. En novembre 2020, alors qu'il était en prison, il aurait, selon l'acte d'accusation, intentionnellement agressé un gardien et tenté de le tuer.
Il est également accusé d'avoir intentionnellement agressé un fonctionnaire de la police fédérale (fedpol) en novembre 2020 et de s'être ainsi rendu coupable de violence et de menace à l'encontre des autorités et des fonctionnaires. Il devra en outre répondre d'infraction à la loi sur les stupéfiants devant le tribunal.
Le MPC explique avoir repris, pour des raisons de compétence, la procédure pénale en question en octobre 2019, procédure que le Ministère public du Canton de Vaud avait ouverte en avril 2019. Le MPC remercie le MP vaudois et la Police cantonale pour leur collaboration dans cette affaire, écrit-il.
Le MPC formulera ses réquisitions de peine lors de l'audience principale devant le Tribunal pénal fédéral. La présomption d'innocence s'applique jusqu'à ce qu'un jugement définitif soit rendu, souligne-t-il au passage.