«Instrumentalisation criminelle de X» Enquête au Brésil contre Musk, qui accuse un juge de censure

ATS

8.4.2024 - 02:46

Un juge de la cour suprême du Brésil a ordonné dimanche l'ouverture d'une enquête contre Elon Musk, propriétaire de la plateforme X (ex-Twitter), qui l'a accusé de «censure». L'entrepreneur a aussi réclamé sa démission dans des attaques répétées depuis samedi.

Elon Musk avait accusé de "censure" un juge de la cour suprême brésilienne (archives).
Elon Musk avait accusé de "censure" un juge de la cour suprême brésilienne (archives).
ATS

Keystone-SDA

Dans un arrêt judiciaire consulté par l'AFP, le magistrat Alexandre de Moraes a évoqué une supposée «instrumentalisation criminelle de X» de la part du milliardaire.

Il a également enjoint «le réseau social X de s'abstenir de désobéir à tout ordre judiciaire, y compris en réactivant un compte dont le blocage a été ordonné par la cour suprême», sous peine d'une amende de 100'000 réaux (environ 17'800 francs) par profil réactivé.

Ce juge a ordonné lui-même ces dernières années le blocage de comptes sur X, certains étant soupçonnés de propager de la désinformation. «Les réseaux sociaux ne sont pas des terres sans loi», a-t-il martelé, en lettres majuscules, dans son arrêt judiciaire.

Bête noire de Bolsonaro

Samedi soir, M. Musk avait commencé une série d'attaques sur X contre ce magistrat, indiquant notamment qu'il allait contester ses décisions judiciaires en «levant toutes les restrictions», sans donner plus de précisions.

«Nous allons probablement perdre tous nos revenus au Brésil et devoir fermer nos bureaux là-bas. Mais les principes sont plus importants que le profit», avait-il insisté.

Dimanche, il était revenu à la charge, affirmant que le juge Alexandre de Moraes devrait «démissionner ou être destitué» pour avoir «trahi de façon effrontée et réitérée la constitution et le peuple du Brésil».

Figure clivante, Alexandre de Moraes est un des onze membres de la cour suprême brésilienne. Il préside également le tribunal supérieur électoral (TSE). Fer de lance de la lutte contre la désinformation au Brésil, il a ordonné le blocage de comptes de personnalités influentes sur les réseaux sociaux, la plupart d'entre elles étant des sympathisants de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).

Ce dernier a été déclaré inéligible en juin 2023 par le TSE pour avoir disséminé de fausses informations sur le système électoral brésilien. Il est également ciblé par une enquête pour «tentative de coup d'Etat» après sa défaite électorale face au président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva en octobre 2022.