Nestlé/Buitoni Des familles réclament 250 millions d'euros

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20.9.2022 - 17:32

Un avocat français réclame 250 millions d'euros de réparations à Nestlé France, au nom des 55 victimes dans l'affaire des pizzas Buitoni contaminées par la bactérie Escherichia coli.

Maître Debuisson reproche à la multinationale d'avoir "continué à vendre des pizzas malgré des suspicions d'épidémie d'Escherichia coli dès janvier. (KEYSTONE/Fabrice Coffrini)
Maître Debuisson reproche à la multinationale d'avoir "continué à vendre des pizzas malgré des suspicions d'épidémie d'Escherichia coli dès janvier. (KEYSTONE/Fabrice Coffrini)
ATS

Keystone-SDA, ck

Un nouveau volet judiciaire s'ouvre dans l'affaire des pizzas Fraich'Up de Buitoni, au civil cette fois. L'avocat Pierre Debuisson a assigné Nestlé France pour «fautes lourdes et répétées de Nestlé», en raison notamment de «l'état hautement dégradé de l'hygiène» du site de Caudry, dans le nord de la France, où ont été produites les pizzas contaminées, a-t-il indiqué à AWP mardi.

Celui qui représente 55 victimes et 48 familles réclame 250 millions d'euros (241 millions de francs) de dommages et intérêts, «à la hauteur du préjudice subi, avec deux enfants (âgés de deux ans et demi et huit ans) morts, une autre en état neurovégétatif» et les dizaines de «vies anéanties». La procédure a été ouverte à Nanterre, dans le même département où se situe le siège français du géant veveysan agroalimentaire, a précisé l'avocat qui «se réserve le droit d'assigner le siège mondial de Nestlé» en justice.

Maître Debuisson reproche à la multinationale d'avoir «continué à vendre des pizzas malgré des suspicions d'épidémie d'Escherichia coli dès janvier. Ce sont les autorités qui ont imposé un retrait des ventes en mars, sinon Nestlé aurait continué, au mépris total de la vie humaine. C'est la course à la rentabilité au mépris de a sécurité alimentaire des Français», a-t-il asséné, parlant du «plus gros scandale alimentaire européen» de ces dernières années.

«Nombreux dysfonctionnements»

Il dénonce également les «nombreux dysfonctionnements» dans l'enquête pénale ouverte à Paris, pointant «le retard colossal des perquisitions». «Cela fait plus de quatre mois qu'une juge d'instruction a été désignée et il n'y a toujours pas de dirigeant de Nestlé mis en examen. Les familles n'ont toujours pas été reçues». Pierre Debuisson l'explique par «un problème de compétence du procureur et de la juge, ou un problème d'influence très forte de Nestlé». Contacté, Nestlé n'a pas répondu aux sollicitations d'AWP.

Le 12 mai dernier, une information judiciaire a été ouverte pour blessures ou homicide involontaire à l'égard de 31 personnes, tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme, exposition ou vente de produits alimentaires servant à l'alimentation falsifiés ou corrompus et nuisible à la santé, mise sur le marché d'un produit dangereux pour la santé et mise en danger d'autrui.

De son côté, Nestlé a annoncé la semaine dernière viser le redémarrage en novembre, sous réserve du feu vert des autorités, d'une des deux lignes de production de son usine de Caudry. Cette ligne restera suspendue «jusqu'à nouvel ordre», ce qui se traduira par des suppressions de postes.

Cet été, le patron de Nestlé France, Christophe Cornu, a présenté ses «excuses» aux familles des enfants touchés par les contaminations et annoncé la création d'un «fonds de soutien aux victimes».