VaticanOuverture du Synode sur l'avenir de l'Eglise, un chantier du pape
ATS
2.10.2023 - 08:12
Le pape François ouvrira mercredi au Vatican la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques. Il s'agit du point d'orgue d'une vaste consultation mondiale sur l'avenir de l'Eglise catholique, dont il souhaite rendre le fonctionnement moins pyramidal.
Keystone-SDA
02.10.2023, 08:12
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Accueil des personnes LGBT+ et des divorcés, polygamie, mariage des prêtres, place des femmes, lutte contre la pédocriminalité: pendant deux ans, les quelque 1,3 milliard de catholiques du monde entier ont été invités à s'exprimer sur leur vision de l'Eglise et son rapport à la société d'aujourd'hui.
«C'est un grand espace de réflexion de l'Eglise, sur sa manière d'être, de procéder», résume pour l'AFP le prêtre italien Giacomo Costa, secrétaire spécial de cette Assemblée. Pendant quatre semaines, les 464 participants, dont 365 membres ayant le droit de vote, se réuniront chaque jour au Vatican, répartis en groupes de réflexion en cinq langues. Parmi eux, 54 femmes.
Le fruit des travaux sera ensuite restitué au pape, qui pourra en tenir compte pour d'éventuelles mesures dans le gouvernement de l'Eglise. Principale nouveauté à cette institution consultative créée par Paul VI en 1965, des laïcs et des femmes prendront part aux travaux et pourront voter, une première qualifiée de «révolution» dans l'histoire de l'Eglise.
«Au sein des évêques, il y a une culture ecclésiastique. Avec les laïcs, elle ne fonctionnera plus: ils ne vont pas se contenter de bonnes paroles, il y aura une exigence sur la procédure, la volonté de changement, l'efficacité», relève un observateur avisé du Saint-Siège. «On a mis le doigt dans un engrenage, le prochain synode ne pourra plus reculer», ajoute-t-il."En ce sens, François fait bouger les lignes, c'est pourquoi beaucoup ont peur.»
«Prise de conscience»
Car la démarche a aussi suscité des réserves, voire des critiques chez certains conservateurs qui y voient un risque de dévoiement, à l'image du cardinal allemand Gerhard Müller. Cette Assemblée plénière s'inscrit dans une réflexion de long terme – une deuxième session aura lieu en octobre 2024 – nuançant l'attente d'un impact concret dans les prochaines semaines.
«Même s'il n'y a pas de réponse concrète, des questions autrefois considérées comme bloquées d'avance sont aujourd'hui portées à l'attention de l'Eglise. C'est déjà un pas énorme, sur des questions délicates», confie une source vaticane qui met en avant une «prise de conscience». «A une époque, on ne pouvait même pas dire le mot homosexuel. Là, on a sur la table des questions qui concernent l'homosexualité», relève cette source.
«Il y a des questions sur lesquelles on est déjà tous d'accord, comme la place des femmes dans l'Eglise, qui doit être repensée. Mais comment? Après, il y a d'autres questions sur lesquelles on n'est pas d'accord sur le fond. Là, il faudra demander à des théologiens, des experts, des sociologues», explique Giacomo Costa.
«Marcher ensemble»
Une attention particulière est accordée à la question sensible de l'accès des femmes au rôle de diacre – à ce stade réservé aux hommes, ou encore à l'ordination d'hommes mariés, une question sur laquelle le pape a finalement reculé en 2019. Les travaux permettront aussi de mesurer les rapports de force sur les grands enjeux, notamment au sein de l'Eglise allemande, dont la démarche a révélé des positions radicalement différentes de celles du Vatican.
«On n'est pas là pour réinventer une autre Eglise. Il faut faire attention: le dialogue ce n'est pas facile, on a besoin d'arbitres», explique à l'AFP Mgr Christophe Pierre, créé cardinal samedi par le pape. «Beaucoup arrivent avec leurs idées, leur agenda; d'accord, c'est bien (...) mais ce n'est pas un Parlement: on ne va pas voter l'un contre l'autre. C'est être ensemble», prévient-il.
Lors d'une prière avec des représentants d'autres confessions chrétiennes place Saint-Pierre samedi, le pape a demandé à ce que le synode soit «un lieu où l'Esprit Saint purifie l'Église des bavardages, des idéologies et des polarisations», invitant les participants à «marcher ensemble».