France voisine Peine allégée requise contre un policier

ATS

28.4.2021 - 20:18

Le policier connaîtra le verdict le 26 mai prochain (image symbolique).
Le policier connaîtra le verdict le 26 mai prochain (image symbolique).
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Une peine allégée de six mois de prison avec sursis a été requise mercredi à Grenoble contre un policier. Celui-ci est jugé en appel pour des violences en 2018 sur un migrant dans les Hautes-Alpes.

Keystone-SDA

À l'issue de son réquisitoire, l'avocat général a également demandé, comme en première instance, une amende de 1000 euros (1104 francs). Mais il n'a pas confirmé la peine complémentaire d'interdiction d'exercer prononcée en juillet 2020 par le tribunal correctionnel de Gap.

Le prévenu, un fonctionnaire de la Police aux frontières (PAF) de 51 ans, suspecté d'avoir menacé et violenté un jeune Malien en août 2018, avait été condamné le 30 juillet 2020 en première instance à deux ans d'emprisonnement avec sursis.

Il avait également écopé d'une amende de 1000 euros et d'une interdiction d'exercer une fonction publique pendant cinq ans. Une peine jugée excessive, qui l'avait poussé à interjeter appel.

À la barre mercredi, le mis en cause, qui était basé à Montgenèvre (Hautes-Alpes) depuis 2015 au moment des faits, a contesté avoir violenté le jeune homme.

«Pas de coup»

«Je l'ai repoussé de façon énergique au niveau de l'épaule car on était au milieu de la route et il a heurté un panneau de signalisation. Mais il n'y a eu aucun coup porté», a indiqué le fonctionnaire, aujourd'hui muté à Grenoble.

En première instance, il avait reconnu avoir eu un geste d'énervement lors de l'altercation, dans la nuit du 4 au 5 août 2018.

De son côté, le jeune migrant a souligné mercredi devant la cour n'avoir jamais été agressif. A l'époque des faits, il s'était plaint d'avoir été frappé d'un coup de poing au ventre, puis d'un coup de pied, avant d'être empoigné et plaqué contre un panneau de signalisation. Mais il n'a jamais reconnu formellement le prévenu comme étant son agresseur.

Raccompagné cette nuit-là à la frontière franco-italienne avec onze autres personnes, par des policiers, le migrant, alors âgé de 16 ans, avait décidé de rebrousser chemin pour retourner au poste de police, après s'être rendu compte de l'absence de son portefeuille dans son sac.

Le ton est monté

En marchant vers la France, il avait croisé un véhicule de la PAF dans lequel se trouvait le prévenu. Après avoir reproché à la police le vol du portefeuille, le ton était monté entre les deux hommes.

Sur une bande audio enregistrée par le jeune homme avec son téléphone, on entend le policier le menacer, passablement énervé, avant un grand fracas. «Tu arrêtes de me traiter de voleur sinon je t'en colle une», peut-on notamment entendre.

«Je suis assez déconcerté par la remise en question de la parole de mon client. L'enregistrement audio est très clair. Ce qu'a fait le policier, c'est asseoir son autorité dans une posture d'intouchable. Cela m'évoque du dégoût», a souligné Me Emma Eliakim, l'avocate du jeune homme.

«Son travail est d'être un rempart contre les migrants qui franchissent la frontière. Son geste n'est ni une faute pénale, ni déontologique», a plaidé Me Laurent-Franck Lienard, l'avocat du policier.

La décision a été mise en délibéré au 26 mai.