LibyePeu d'espoir de retrouver des survivants des inondations
mabe
16.9.2023 - 23:14
Des organisations humanitaires ont mis en garde contre le risque croissant de propagation de maladies après les inondations qui ont fait des milliers de morts et de disparus dans l'Est de la Libye. Elles ont estimé samedi que les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent, six jours après la catastrophe.
Keystone-SDA, mabe
16.09.2023, 23:14
16.09.2023, 23:16
ATS
La tempête Daniel, qui a frappé dans la nuit de dimanche à lundi la ville de Derna, peuplée de 100'000 habitants, a entraîné la rupture de deux barrages en amont, provoquant une crue fulgurante, de l'ampleur d'un tsunami, le long de l'oued qui traverse la cité, emportant tout sur son passage.
Les flots ont laissé un paysage de désolation, et une grande partie de la ville, sur les deux rives de l'oued, apparaît comme foudroyée par un puissant séisme, a constaté un photographe de l'AFP. Des bâtiments entiers ont été emportés par les flots. D'autres sont à moitié détruits, des voitures sont fracassées contre les murs.
Le ministre de la Santé de l'administration de l'Est de la Libye, Othman Abdeljalil, a fait état samedi soir d'un bilan de 3252 morts, en hausse de 86 morts par rapport à celui qu'il avait fourni 24 heures auparavant.
Parlant à la presse à Derna, il a répété que seul son ministère était habilité à donner des chiffres sur les morts, affirmant que d'autres bilans plus lourds fournis par d'autres sources n'étaient pas crédibles.
Il a en outre démenti des informations sur une possible évacuation de la ville, affirmant que «certaines zones» seulement pourraient être «isolées» afin de faciliter les secours.
Centaines de cadavres
Dans un communiqué publié samedi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part affirmé que les corps de 3958 personnes avaient été retrouvés et identifiés, et que «plus de 9000 personnes» étaient toujours portées disparues.
Des sauveteurs maltais, qui épaulent les Libyens dans les recherches en mer, ont découvert des centaines de cadavres dans une baie, sans préciser l'endroit exact, selon le Time of Malta.
«Il y en avait probablement 400, mais c'est difficile à dire», a déclaré le chef de l'équipe maltaise Natalino Bezzina au journal, affirmant que l'accès à la baie était difficile en raison de vents forts. Il a cependant ajouté que son équipe avait pu aider à récupérer des dizaines de corps.
Une équipe de secours libyenne sur un zodiac affirme de son côté avoir vu «peut-être 600 corps» en mer au large de la région d'Om-al-Briket, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Derna, selon une vidéo sur les réseaux sociaux, sans préciser s'il s'agissait des corps trouvés par les Maltais.
Selon le gouvernement de l'Est libyen, un secouriste maltais «est mort accidentellement» vendredi en participant à une opération d'extraction du corps d'une victime du déluge.
Aide internationale
Face à la catastrophe, la mobilisation internationale reste forte.
Samedi, à l'aéroport Benina de Benghazi, un avion émirati et un appareil iranien ont déchargé des tonnes d'aides qui doivent être acheminées vers la zone sinistrée, à 300 km plus à l'est, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des tonnes d'aides, dont des fournitures médicales, d'Arabie saoudite et du Koweït sont également arrivées dans l'est du pays.
L'ambassade d'Italie a annoncé l'arrivée au large de Derna d'un navire transportant notamment des tentes, des couvertures, deux hélicoptères et des bulldozers.
Deux avions français ont atterri dans l'Est pour «déployer un hôpital de campagne» à Derna, a indiqué l'ambassadeur de France en Libye, Mostafa Mihraje.
L'OMS a pour sa part annoncé l'arrivée à Benghazi de «29 tonnes de matériel médical», «suffisamment pour aider près de 250'000 personnes».
«Situation chaotique»
Manuelle Carton, coordinatrice médicale d'une équipe de Médecins sans frontières (MSF) se trouvant à Derna décrit une situation «chaotique» qui a empêché le bon déroulement du recensement et l'identification des victimes.
Le travail des secours et des équipes de recherche est considérablement entravé par le chaos politique qui prévaut dans le pays depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux, l'un à Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU, et l'autre dans l'Est, affilié au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.
Après avoir ouvert une enquête sur les circonstances du drame, le procureur général libyen, Al-Seddik al-Sour, a affirmé que les deux barrages à l'origine de la catastrophe présentaient des fissures depuis 1998.
Mais les travaux entamés en 2010 après des années de retard avaient été suspendus quelques mois plus tard dans la foulée de la révolution libyenne de 2011. Ils n'ont jamais repris depuis, a déploré le procureur, promettant «la fermeté» contre les responsables.