Déménagement du mudac Pièce spectaculaire, le «Jardin d'addiction» est reparti en France

nt, ats

14.11.2021 - 09:50

Pas facile de démonter la sculpture "Jardin d'addiction" composée de plus de 200 pièces de verre avant son retour en France.
Pas facile de démonter la sculpture "Jardin d'addiction" composée de plus de 200 pièces de verre avant son retour en France.
ATS

Le mudac à Lausanne a pris congé du «Jardin d'addiction», une oeuvre composée de plus de 200 pièces de verre. Vingt-et-une caisses ont été nécessaires pour le déménagement en France de cette prouesse technique et artistique présentée au musée jusqu'à sa fermeture.

14.11.2021 - 09:50

«Cette pièce nous a été prêtée par le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) de Marseille en février 2018 à titre de dépôt longue durée», a expliqué à Keystone-ATS Amélie Bannwart, conservatrice au musée de design et d'arts appliqués contemporains (mudac). Présentée jusqu'en 2019, elle n'a pas pu repartir en raison des restrictions douanières dues à la première vague du Covid.

Une deuxième tentative début 2021 a également échoué en raison de l'épidémie. Vendredi, en revanche, les 21 caisses contenant cette pièce exceptionnelle ont pu reprendre le chemin de la France, direction les Musées de la Citadelle, à Villefranche-sur-Mer.

Seuls habilités à construire et déconstruire l'oeuvre, trois techniciens du Cirva se sont chargés cette semaine de démonter précautionneusement les vingt grands éléments de verre soufflé, mais également les près de 200 fines pièces de verre réalisées au chalumeau, raconte la conservatrice.

Qu'importe le flacon

Prouesse technique, l'oeuvre a été réalisée entre 2009 et 2011 au Cirva par les artistes français Christophe Berdaguer et Marie Péjus. Les créateurs y questionnent les mécanismes du fonctionnement cérébral humain liés aux dépendances.

A chaque extrémité de la vingtaine de tiges se trouve un bulbe en verre. Il contient l’odeur d’une substance addictive telle que le café, le tabac, le vin, le whisky, les champignons, l’opium, l’herbe, la cocaïne ou encore l’héroïne. Les fragrances ont été réalisées par les parfumeurs Les Christophs. «Les visiteurs n'ont cependant pas le droit de les respirer», souligne la conservatrice.

Synapses

L’enchevêtrement des fines racines de verre au sein de ce jardin fait lui référence au réseau complexe des connexions neuronales du cerveau, à ses synapses. Mais aussi à des ronces de verre dans lesquelles on peut se retrouver enserré lorsque l'on cède aux addictions.

La fragilité du verre et l’impossibilité de manipuler les bouchons permettant de sentir les odeurs renvoient à la fascination mais aussi aux craintes engendrées par une addiction. «Une oeuvre esthétique et riche de sens», relève Mme Bannwart.

Le bon moment

Occupant une pièce entière, «l'oeuvre part au bon moment, car les collaborateurs du mudac déménagent le 13 décembre prochain à Plateforme 10», souligne-t-elle. Tout ce qui est encore dans le musée actuel, soit la maison Gaudard à la Cité, suivra en juillet 2022.

Les 650 pièces conservées dans les dépôts extérieurs rejoindront à l'automne le nouveau quartier des arts où de vastes et pratiques dépôts les attendent. Pour mémoire, le mudac abrite cinq collections: art verrier, céramique, estampes, bijoux et design contemporains. Environ 3000 oeuvres au total doivent être déplacées.

nt, ats