Pierre Maudet Pierre Maudet : «Un conseiller d'Etat, par nature très sollicité, est assez seul»
tb, ats
12.10.2021 - 13:21
Condamné en première instance pour acceptation d'un avantage, Pierre Maudet est revenu mardi lors de son procès en appel à Genève sur les sollicitations dont fait l'objet un conseiller d'Etat. Il déplore que le jugement n'ait pas tenu compte de la dimension politique de la fonction.
Keystone-SDA, tb, ats
12.10.2021, 13:21
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«Un conseiller d'Etat, par nature très sollicité, est assez seul», a expliqué M. Maudet au deuxième jour du procès devant la Chambre pénale d’appel et de révision. Sa relation avec Antoine Daher, un des entrepreneurs qui a aidé à organiser le voyage controversé à Abu Dhabi, était une «amitié simple», a-t-il ajouté.
Avec cet ami, il pouvait «décompresser», «se vider la tête». Il considère que cette relation était «sans enjeu» tout en relevant que des «Antoine Daher, il y en a des dizaines dans l'entourage d'un conseiller d'Etat».
Selon Pierre Maudet, une des seules demandes d'Antoine Daher a été de le mettre en contact avec le pape qu'il devait accueillir à Genève en tant que président du Conseil d'Etat.
«Des eunuques»
L'autre facette d'Antoine Daher découverte pendant la procédure, soit des multiples sollicitations auprès de son ex-chef de cabinet, ne lui convient toutefois pas. Mais en aucun cas son lien avec Antoine Daher n'était encombrant, a-t-il précisé à la demande de son avocate.
Pierre Maudet estime qu'en première instance, le Tribunal de Police n'a pas tenu compte de la dimension politique de sa fonction pour établir la nature du voyage à Abu Dhabi qui était, selon lui mi-privée, mi-officielle.
«Un conseiller d'Etat crée du lien. Il n'y a pas de situations pures, ou alors on a des conseillers d'Etat qui sont des eunuques reclus dans leur bureau», a déclaré celui qui a siégé à l'exécutif cantonal pendant neuf ans.
Réquisitoire
Le procès se poursuit dans l'après-midi avec l'audition de deux témoins et le réquisitoire. L’ex-conseiller d’Etat reconverti dans la cybersécurité après sa non-élection au printemps dernier avait été condamné en février à 300 jours-amendes avec sursis et au paiement d’une créance compensatrice de 50'000 francs, soit la valeur estimée du séjour.
Il a fait appel du jugement, de même que ses coaccusés et que le Ministère public. Son ex-chef de cabinet avait été reconnu coupable d'acceptation d'un avantage, de violation du secret de fonction et d'instigation à abus d'autorité. Les deux entrepreneurs avaient été reconnus coupables d'octroi d'un avantage pour avoir organisé le séjour dans le but de s'assurer de la bienveillance du conseiller d'Etat.