Logements insalubresMarseille: prison pour un ex-policier devenu marchand de sommeil
ATS
24.1.2024 - 11:00
Un ex-policier devenu marchand de sommeil a été condamné à cinq ans de prison dont quatre ans ferme mercredi, à l'issue d'un procès emblématique de la gangrène de l'habitat indigne à Marseille. Il est accusé d'avoir «industrialisé» la location de taudis à des étrangers en situation précaire.
24.01.2024, 11:00
ATS
Son «homme de main» a quant à lui écopé de quatre ans de prison ferme avec mandat d'arrêt. Il avait été absent durant tout le procès en novembre, lors duquel il avait été présenté comme un «factotum zélé qui n'hésitait pas à faire le coup de poing contre les mauvais payeurs».
Le tribunal correctionnel de Marseille a également condamné l'ancien policier à 75'000 euros d'amende et son ancien bras droit, à 45'000 euros.
Il a aussi eu la main lourde au niveau des peines complémentaires, avec la confiscation définitive de deux immeubles détenus par le prévenu via des sociétés civiles immobilières, la confiscation de 220'000 euros saisis sur une assurance vie à son nom, et 300'000 euros de dommages et intérêts au total pour les nombreuses parties civiles, dont la ville de Marseille.
«Conditions de vie effroyables»
Dans son jugement, le tribunal a estimé que l'ex-policier, âgé de 50 ans, avait soumis des personnes vulnérables à «des conditions de vie effroyables, dans des espaces confinés et insalubres, avec des risques majeurs pour leur santé et leur sécurité».
Ces logements, parfois aménagés dans des caves, étaient loués jusqu'à 600 euros, essentiellement à des étrangers en situation précaire, avec souvent des enfants mineurs.
«On avait l'eau et l'électricité, mais pas tout le temps», et «il y avait des cafards et des scorpions», avait raconté à l'AFP une des victimes, un homme de 26 ans arrivé du Nigeria à Marseille en 2019.
Une centaine d'appartements
«La qualité d'ancien policier de (l'accusé), connue d'un grand nombre de locataires, n'est pas anodine», a asséné le tribunal dans son délibéré.
En tout, en son nom propre ou via ses sociétés, l'ancien policier possédait une centaine d'appartements dans une dizaine d'immeubles à Marseille. Mais ce procès ne concernait que les appartements dans quatre de ces bâtiments, soit 72 logements.
Ce «mégalomane cupide» avait «industrialisé» la location de taudis, avait accusé le parquet dans son réquisitoire à l'automne, en demandant quatre ans de prison ferme contre l'ancien policier, une peine moins lourde que celle prononcée finalement par le tribunal.
Dénonçant la «stratégie délibérée» qu'il avait mise en oeuvre entre 2019 et 2021, le procureur avait souligné «le choix délibéré» du prévenu «d'acheter des immeubles à bas prix dans des quartiers pauvres et de cibler des locataires vulnérables». Selon lui, «on n'est pas dans une infraction d'ordre administratif, mais dans une infraction pénale: l'atteinte à la dignité humaine».