Genève Procès d'une richissime famille accusée de traite d'êtres humains

tb, ats

14.1.2024 - 12:22

Quatre membres de la famille Hinduja, une famille de milliardaires à la tête d'un conglomérat industriel indien, doivent comparaître dès lundi devant le Tribunal correctionnel de Genève. Ils sont accusés de traite d'êtres humains et d'usure par métier. Des charges contestées par les prévenus.

Trois plaignants accusent Prakash Hinduja (78 ans, ici en photo), sa femme (75 ans), son fils (56 ans) et sa belle-fille (50 ans) de les avoir exploités comme employés de maison.
Trois plaignants accusent Prakash Hinduja (78 ans, ici en photo), sa femme (75 ans), son fils (56 ans) et sa belle-fille (50 ans) de les avoir exploités comme employés de maison.
imago/Hindustan Times

Keystone-SDA, tb, ats

Trois plaignants accusent Prakash Hinduja (78 ans), sa femme (75 ans), son fils (56 ans) et sa belle-fille (50 ans) de les avoir exploités comme employés de maison. Selon l'acte d'accusation, ces personnes recrutées en Inde provenaient de milieux très pauvres et étaient peu instruites.

La famille les aurait fait venir en Suisse pour travailler dans la propriété de Cologny (GE) «dans le but d'exploiter leur force de travail». Ces employés étaient hébergés sur place. Ils auraient été logés dans des conditions précaires au sous-sol de la villa. Pendant plusieurs années, certains auraient dormi dans un abri antiatomique sur des lits superposés, relève l'acte d'accusation.

Dépendance

Le Ministère public affirme qu'ils devaient travailler tous les jours, des aurores jusqu'à tard le soir ou dans la nuit, sans jour de congé, sans compensation des heures supplémentaires, avec des vacances imposées et non payées. Le salaire, versé en roupies indiennes, se serait élevé à quelques centaines de francs par mois. Il n'aurait pas toujours versé.

Sans passeport, confisqué par les employeurs, sans parler la langue, sans entourage, sans autorisation de séjour et de travail, ils auraient été totalement isolés. Selon le Ministère public, la famille aurait ainsi exploité la situation de dépendance et de déracinement complet dans lequel vivaient ces employés de maison.

Plaintes retirées

La première plaignante, une Indienne âgée de 58 ans a travaillé pour la famille entre 1997 et 2018, avec une pause d'environ deux ans. Elle suivait la famille dans ses nombreux déplacements, notamment pour s'occuper des enfants du fils et de la belle-fille. Dénonçant un climat de peur, elle a finalement déposé plainte en 2018, comme les deux autres plaignants.

L'un d'eux, un Indien âgé de 45 ans, a travaillé en 2008-2009 et 2017-2018 en tant qu'employé de maison, en particulier comme cuisinier. Enfin, la troisième plaignante âgée de 51 ans a travaillé pour la famille entre 2009 et 2016, dans des conditions similaires.

Trois autres ex-employés ont retiré leur plainte au cours de la procédure. Selon le Ministère public, une quinzaine d'autres personnes auraient été recrutées pour travailler dans la villa de Cologny dans des conditions d'exploitation semblables, mais elles n'ont pas pu être identifiées, ou localisées.

Acquittement plaidé

La défense, qui a déposé de nombreux recours contre les décisions du Ministère public et du Tribunal correctionnel, conteste les charges. La récusation de la juge présidant le procès demeure pendante.

«Nos clients plaideront l’acquittement. De nombreuses questions préjudicielles seront présentées, l’instruction bâclée de la procédure, basée sur de nombreux mensonges, nécessitant de nombreux compléments. Nous n’avons par exemple toujours pas accès au dossier complet.», a indiqué à Keystone-ATS, Romain Jordan, l'un des avocats de la défense.

La famille Hinduja est considérée comme la plus riche du Royaume-Uni. Prakash Hinduja, qui a la nationalité suisse, comme le reste de sa famille, est le président du groupe Hinduja en Europe. Ce conglomérat est actif dans la banque, la finance, les transports, l'énergie, les médias et la santé, notamment.