Procès pour assassinatProcès à Vevey pour un assassinat en famille
ATS
27.5.2019 - 14:40
Fin 2016, une retraitée était assassinée à Saint-Légier (VD). Accusés d'assassinat, son mari et leur fille unique sont revenus lundi sur le «cercle familial vicieux» qu’ils formaient avec la disparue dont ils ont brossé un portrait peu flatteur. Verdict le 6 juin.
Le père, âgé de 81 ans, et sa fille de 41 ans avaient tenté de maquiller le crime en suicide. Selon l'acte d'accusation, ils auraient agi pour des motifs financiers et psychologiques.
Ils comparaissent depuis lundi devant le Tribunal de l'Est vaudois, à Vevey, pour assassinat et atteinte à la paix des morts, notamment. Ils encourent en théorie au minimum dix ans de prison.
La victime était l’unique propriétaire du logement du couple. Sa fortune dépassait les 900'000 francs. Cette femme est tour à tour décrite comme «bavarde et généreuse» ou au contraire comme maltraitante, manipulatrice et dominatrice. D’après l’acte d’accusation, elle menaçait régulièrement son mari sans le sou et leur fille unique de les exclure de son testament et d’arrêter de subvenir à leurs besoins financiers.
Enième dispute
La nuit du 11 au 12 décembre, alors que la victime était très alcoolisée, une énième dispute a éclaté dans ce climat familial toxique et la fameuse menace a été réitérée. Selon l’accusation, le mari de la disparue et sa fille l’ont alors frappée plusieurs fois à la tête avec une clé de démontage de roue de voiture.
Ils l'ont ensuite traînée sur le balcon dans une mare de sang. Puis la malheureuse a été sanglée en position fœtale, glissée dans un sac à gazon puis dans un réservoir d'eau où elle aurait trouvé la mort.
Le lendemain matin, son mari a nettoyé les lieux du crime et, aidé de sa fille, il a scellé le container. Le soir du 16 décembre, ils l'ont jeté dans un ravin boisé et isolé, préalablement repéré via internet aux Monts-de-Corsier (VD).
Corps retrouvé cinq mois plus tard
Le lendemain après-midi, père et fille ont mis en scène le suicide de leur victime en abandonnant son automobile à Chessel au bord du Rhône. Et le soir même, la fille du couple a annoncé la disparition de sa mère à la gendarmerie de Rennaz (VD).
Le corps de la retraitée a été retrouvé dans un état de décomposition avancé cinq mois plus tard par un promeneur. L’octogénaire a avoué ce crime rapidement mais sa fille, qui comparaît libre, concède toujours n’avoir fait que cacher le corps de sa mère puis avoir tenté de faire croire à son suicide.
Cercle familial vicieux
Devant la Cour, cette femme très maigre de 41 ans a décrit d’une petite voix le «cercle familial vicieux» qu’elle formait avec ses parents tout comme le double visage de sa génitrice «aimante et souriante à l’extérieur et tout le contraire à la maison».
«Toute mon enfance, ma mère m’a battue et insultée. C’est pour ça que je suis partie comme jeune fille au pair en Suisse alémanique à l’âge de 15 ans et que j’ai emménagé avec mon mari à mon retour. Depuis là, ma mère a commencé à s’en prendre à mon père».
La Vaudoise a ensuite expliqué s’être affranchie en partie de cette «relation toxique» au fil d’une longue thérapie. «J’ai compris grâce à ce travail sur moi que tout cela n’était pas de ma faute ni totalement de celle de ma mère qui avait été frappée par son propre père lorsqu’elle était enfant et j’ai pu lui pardonner».
Mariage délétère
Son père a ensuite été interrogé. Le Vaudois de 81 ans est apparu passablement diminué, le visage agité de tics nerveux et sujet à de tonitruantes crises de toux. Il a décrit une vie de couple stérile de près de 50 ans. Lui et son épouse n’avaient aucun ami et leurs interactions étaient passablement téléguidées par les souffrances du passé.
«Les premières années de mariage, cela n’allait pas trop mal même si ma femme me parlait parfois de son enfance et de la cruauté de son père. Les choses ont dégénéré petit à petit une fois que notre fille est née. Ma femme la martyrisait sans que je puisse m’en rendre compte», a avancé le vieil homme, sans convaincre.
Mari passif
Selon lui, sa femme multipliait les crises et les pressions psychologiques. Face à ce comportement névrotique, qui s’est aggravé après la retraite, l’homme a été incapable d’agir autrement qu’en faisant le dos rond avec une passivité surprenante.
«Je préférais accepter sa volonté de tout contrôler plutôt que de subir ses crises», a expliqué l'octogénaire. Il lui arrivait de fuir dans la nature avec son chien jusqu’à y passer une partie de la nuit. Le procès continue mardi et mercredi. Verdict le 6 juin.
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