Un ressortissant bulgare a comparu mardi devant la justice à Bienne pour assassinat. Cet homme est soupçonné d'avoir tué une femme croisée par hasard dans une forêt près de Bienne en juillet 2016. Le procureur a requis 17 ans de réclusion et l'internement.
La victime âgée de 66 ans avait été retrouvée par une promeneuse dans une forêt à Orpond (BE). Elle avait été tuée au moyen d'une hache de plâtrier alors qu'elle promenait son chien. Les enquêteurs avaient rapidement écarté une agression à caractère sexuel ou un crime passionnel.
Les éléments laissaient plutôt supposer que cette femme avait croisé par hasard le chemin de son agresseur. Mais à l'issue de l'audience mardi devant le Tribunal régional Jura bernois-Seeland, le mobile de cet homicide reste obscur, le prévenu niant les faits. «Je ne suis pas un assassin», a-t-il clamé.
Selon l'acte d'accusation, cet homme a ensuite tenté de dissimuler le corps de la victime, laissant le chien attaché à sa maîtresse par la laisse. Il aurait ensuite dérobé la voiture de cette femme avant d'être arrêté par des gardes-frontière quelques jours plus tard dans la région de Schaffhouse.
Ligne de défense
«Je n'ai rien fait», a répété le prévenu vêtu d'un polo vert et d'un pantalon de training lors de son audition devant le collège formé de cinq juges. Agé d'une quarantaine d'années, ce citoyen bulgare a affirmé qu'il n'était pas un psychopathe. «Je suis une très bonne personne», a-t-il affirmé.
Interrogé par le président Maurice Paronitti sur la présence de son ADN sur les lieux du crime, le prévenu a accusé des «spécialistes» de l'avoir placé là. Il a généralement répondu de façon décousue et parfois farfelue aux questions. Pour expliquer sa présence dans la voiture de la victime, il a affirmé qu'on la lui avait donnée. «Je l'ai acceptée comme un cadeau».
Il a reconnu avoir séjourné dans une cabane forestière qui était située dans la forêt où le corps a été découvert, mais affirme être totalement étranger à ce crime. Pour l'expert psychiatre, le prévenu souffre d'une forme sévère du trouble de la personnalité qui correspond au concept de psychopathie.
Internement requis
«Cette affaire figure parmi les plus effroyables de la décennie dans notre région, c'est une histoire terrifiante», a lancé le procureur Amaël Gschwind en ouverture de son réquisitoire. Il a qualifié de peu crédibles les déclarations du prévenu et dénoncé une absence particulière de scrupules.
Pour le représentant du Ministère public, les coups portés à la tête de la victime témoignent d'un acharnement, d'une exécution et d'une absence de considération pour la vie humaine. Il a donc requis une peine privative de liberté de 17 ans pour assassinat et une série d'autres délits de moindre importance.
«Une peine ne suffit pas», a ajouté dans la foulée le procureur en demandant une mesure d'internement, évoquant le risque de récidive évoqué dans l'expertise psychiatrique. Il a rappelé qu'il n'y a pas de thérapie pour traiter la psychopathie.
Pour l'avocat d'office
Pour l'avocat d'office, le Tribunal régional Jura bernois-Seeland doit retenir le meurtre et pas l'assassinat. Il a plaidé en faveur d'une peine de dix ans de réclusion et s'oppose à la mesure d'internement.
La défense estime que le déni du prévenu découle de son trouble psychique. L'avocat avait auparavant relevé qu'il n'y avait aucun témoignage à charge contre son client et que l'ADN ne suffisait pas pour prouver la culpabilité. «Une trace d'ADN ne donne aucune explication sur le déroulement des faits». Le verdict sera rendu vendredi après-midi.
Détention depuis quatre ans
En détention provisoire depuis quatre ans, l'accusé devait également répondre d'une série d'autres délits, notamment vol, violation de domicile, séjour illégal, dommages à la propriété ou comportement frauduleux à l'égard des autorités pour avoir déposé une demande d'asile en se présentant sous une fausse identité. Ces délits auraient été commis entre le 25 janvier et le 22 juillet 2016.