MoscouProcès en appel d'une figure de l'ONG Mémorial
ATS
14.12.2023 - 10:03
Le militant Oleg Orlov, figure de l'ONG russe Memorial, risque trois ans de prison pour avoir dénoncé l'offensive en Ukraine. Son procès en appel s'est ouvert jeudi à Moscou en pleine répression de toute dissidence.
Keystone-SDA
14.12.2023, 10:03
14.12.2023, 10:05
ATS
En première instance, ce défenseur des droits humains chevronné avait été jugé coupable d'avoir «discrédité» l'armée et condamné à une simple amende, une peine d'une rare magnanimité en Russie. Mais le parquet a contesté cette sanction et réclame trois ans ferme.
Oleg Orlov, 70 ans, se voit reprocher d'avoir manifesté contre l'offensive russe en Ukraine et d'avoir signé une tribune au vitriol contre les autorités russes intitulée: «Ils voulaient le fascisme, ils l'ont eu», publiée par le média français Mediapart.
Ce texte accuse les troupes russes du meurtre de «masse» de civils ukrainiens et dénonce la «victoire» en Russie des «forces les plus sombres», celles qui «rêvaient d'une revanche totale» après la dislocation de l'URSS.
«Le monde de George Orwell»
Actif depuis les années 1970, Oleg Orlov est devenu avec le temps l'un des piliers de l'ONG Memorial, la principale organisation luttant en Russie pour préserver la mémoire des répressions soviétiques et documentant celles de la Russie de Vladimir Poutine.
Memorial a été dissoute fin 2021 par la justice russe, mais a été ensuite récompensée par le prix Nobel de la Paix 2022.
Le militant a fait de son procès en première instance une tribune contre l'offensive en Ukraine et la répression en Russie. «On me poursuit uniquement car j'ai fait usage de mes droits», avait-il déclaré en octobre, affirmant que le conflit détruisait «l'avenir» de la Russie, qui, selon lui, s'était retrouvée dans «le monde de George Orwell».
Le revirement de l'accusation
Le 11 octobre, M. Orlov avait écopé d'une amende de 150.000 roubles (environ 1400 francs), une peine très clémente dans une Russie qui a pris l'habitude d'emprisonner les détracteurs du régime.
A la surprise générale, le parquet avait requis une peine de 250'000 roubles d'amende en la justifiant par l'âge de l'opposant – 70 ans – et son état de santé. Avant de changer d'avis et de faire appel. L'accusation avait justifié ce revirement en soutenant que la sanction était «excessivement légère» et ne correspondait pas au «danger public» que représentait l'accusé.