Les prises des douanes suisses
Que fait-on passer en contrebande aux frontières de la Suisse?

La contrebande va bon train et n’épargne pas les frontières de la Suisse. Des plus exotiques aux plus bizarres, les trouvailles sur lesquelles les douanes suisses mettent la main régulièrement en sont la preuve.
L'une des dernières grosses prises en date des douanes suisses est celle du 26 mai, qui a eu lieu au poste-frontière de Kreuzlingen, dans le canton de Thurgovie.
Deux hommes originaires de Gambie ont tenté d’entrer en Suisse à bord d’un autocar. Le véhicule a été contrôlé et les douaniers ont découvert dans les bagages des hommes une importante somme d’argent liquide. Ils transportaient des billets en euros dont la valeur s’élevait à plus de 390 000 francs, ainsi que 140 téléphones portables et dix tablettes.
Il s’est avéré que plusieurs vols de téléphones portables avaient été déclarés en Allemagne. Le parquet de Kreuzlingen a immédiatement ouvert une instruction pénale pour blanchiment d’argent aggravé.

Il ne s’agit en aucun cas d’un cas isolé. La contrebande est en plein boom aux frontières de la Suisse. C’est ce que montrent également les chiffres récemment publiés par le bureau de douane principal dans la ville allemande de Singen.
Le nombre de passeurs pris en flagrant délit le long du Rhin a considérablement augmenté en 2018, selon l’autorité, qui a signalé au total 7136 cas, soit dix pour cent de plus que l’année précédente. Le montant saisi d’argent liquide transporté illégalement à la frontière est cinq fois plus élevé qu’en 2017. Le bureau de douane principal de Singen rapporte que 10,8 millions de francs au total auraient pu échapper au fisc.
Les chiffres actuels pour la dernière année en Suisse ne sont pas encore disponibles. Néanmoins, les publications de l’Administration fédérale des douanes rapportant des saisies effectuées au cours des dernières semaines donnent un aperçu de tout ce que rencontrent les douaniers:
Jeudi 23 mai
Près de la frontière, à Bâle, un Suisse de 25 ans a tenté d’entrer en Suisse depuis l’Allemagne. En inspectant son véhicule, les douaniers ont saisi 170 torches pyrotechniques. Etant donné que l’homme originaire de Suisse centrale n’était pas en mesure de présenter un permis correspondant, les torches ont été saisies.
Au cours de l’interrogatoire, le contrevenant a déclaré que les engins pyrotechniques étaient destinés à son groupe de carnaval. En Suisse, conformément à la loi sur les explosifs, les engins pyrotechniques sont soumis à autorisation et ne peuvent être importés sans permission. Une procédure pénale a été ouverte contre l’homme, qui encourt une amende ou une peine d’emprisonnement.

Lundi 13 mai
Destinées à divers magasins de coiffure à Zurich, ces marchandises ont franchi illégalement la frontière. Près de Bâle, deux Irakiens sont entrés en Suisse au volant d’une camionnette transportant deux tonnes de produits de coiffure tels que du shampooing, de la cire coiffante, de la laque et du gel. En outre, la surface de chargement du véhicule était nettement surchargée.
Les contrevenants ont été accusés d’infraction à la loi sur la circulation routière. En plus d’une amende, ils devront également s’acquitter de droits de douane et de redevances de TVA d’un montant de plusieurs milliers de francs.

Dimanche 28 avril
Pour les douaniers au poste-frontière de Castasegna, dans le canton des Grisons, cette tentative de contrebande est à classer parmi les plus bizarres. Un Ukrainien de 72 ans a tenté d’entrer en Suisse depuis l’Italie avec une dent de morse de 30 centimètres de long et deux poignards d’officiers russes.
Comme celles des éléphants, les dents de morse sont en ivoire et sont protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune de la CITES. Avec une longueur de lame de 21 centimètres, les poignards enfreignent également la législation sur les armes. La dent de morse et les armes ont été confisquées, tandis que l’homme a écopé d’une amende pour violation de la réglementation en matière d’importation.

Samedi 4 mai
Au poste-frontière de la Kohlenstrasse à Bâle, un Suisse de 26 ans a tenté d’introduire en Suisse des produits de dopage interdits depuis la France. Lors de l’inspection du véhicule, les substances étaient cachées sous les sièges conducteur et passager. Les douaniers ont saisi 62 boîtes de diverses variétés d’injections et de comprimés. Ces substances sont classées au rang de produits de dopage sur la liste des agents et préparations de dopage définie par la loi sur l’encouragement du sport.
Au cours de son interrogatoire, l’homme a reconnu avoir acheté les comprimés et les injections pour un montant d’environ 1000 francs à un ami en France. Les produits de dopage ont été confisqués et le dossier a été transmis au parquet de Bâle-Ville pour complément d’enquête.

Mercredi 24 avril
A l’aéroport de Zurich-Kloten, les douaniers ont appréhendé une femme d’origine camerounaise et résidant en Suisse qui transportait de la viande de serpent découpée. Ils ont immédiatement remis le paquet de 3,5 kg au Service vétérinaire de frontière de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).
En réalité, la viande provenait d’un pangolin à ventre blanc et d’une vipère du Gabon. L’importation de viande d’animaux sauvages en Suisse constitue une infraction aux prescriptions en matière de police des épizooties ainsi qu’aux dispositions relatives à la conservation des espèces. La femme de 26 ans doit donc s’attendre à une procédure pénale.
Les autorités compétentes en matière de protection animale tirent depuis longtemps la sonnette d’alarme face au détournement de viande de brousse. Selon les estimations, 30% de cette viande provient d’espèces protégées telles que des pangolins, des singes ou des duikers (espèce d’antilope africaine). En Afrique, le commerce de viande de brousse s’élève à environ cinq millions de tonnes par an.

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