Tentative d'assassinat15 ans requis contre un homme qui s'était acharné sur sa compagne
mabr, ats
18.3.2024 - 19:52
Le Ministère public vaudois a requis lundi à Vevey une peine de quinze ans de réclusion pour tentative d’assassinat contre un homme de 52 ans, qui s'était acharné sur sa compagne un soir de mai 2021. La défense estime de son côté que le prévenu n’a jamais voulu tuer sa victime.
Keystone-SDA, mabr, ats
18.03.2024, 19:52
ATS
Jaloux que sa compagne – Brésilienne, comme lui- ait revu un autre homme ce jour-là, le prévenu l'avait agressée ce 27 mai à son retour dans le studio qu'ils partageaient à Villeneuve. L'homme l'a d'abord frappée à coups de poings et de pieds au visage et sur tout le corps, avant de lui entailler une oreille avec des ciseaux, selon l'acte d'accusation.
Il a ensuite essayé de la défenestrer du neuvième étage, puis lui a asséné de multiples coups de couteau aux organes génitaux, avant de tenter de lui faire ingurgiter des sédatifs avec de l'alcool.
Durant les quelque 3h30 qu'a duré l'agression, l'homme a passé plusieurs appels au Brésil à son épouse et à l'un de ses fils, filmant sa victime. C'est finalement l'un d'eux qui a averti le frère du prévenu dans la région lausannoise. Celui-ci s'est rendu à Villeneuve d'où il a donné l'alerte. Arrêté, l'homme est actuellement détenu aux Etablissements de la plaine de l'Orbe.
Amnésie
«Je ne me souviens pas, j’étais alcoolisé», a inlassablement répété lundi le prévenu aux juges du Tribunal de Vevey, par l'intermédiaire de son interprète. «Si j'avais été conscient, je n'aurais jamais fait ça», a-t-il ajouté d'une voix calme. Bien qu'il reconnaisse une «erreur», influencée par «l'alcool et la jalousie», il n'est jamais entré dans le détail des faits qui lui sont reprochés, disant ne pas se souvenir.
Pourtant, le frère du prévenu et son amie l'ont décrit comme «calme, conscient et cohérent» au moment des faits. «A la police, vous avez déclaré que la victime jouait avec des couteaux et qu'elle se les est elle-même plantée dans le vagin, vous vous souveniez à ce moment-là», lui a lancé l'avocate de la victime. «J'étais confus, je n'étais pas conscient», a-t-il balayé.
Sa victime, elle n'a rien oublié. L’agression lui revient chaque jour et dans les cauchemars qui la réveillent trois fois par nuit malgré des «somnifères importants». «Chaque seconde de l'agression, chaque coup de poing, il savait ce qu'il faisait», a-t-elle déclaré. Elle a aussi raconté comment, avant que le frère n'arrive, et alors qu'elle était «nue» et «baignant dans (son9 sang», le prévenu «s'est douché, parfumé puis fait un café».
«Maîtrise glaçante»
Depuis l'agression, la vie de cette aide-infirmière, mère de deux enfants adultes, a basculé. «Je survis. J'ai essayé de reprendre mon travail à 50%», mais sans succès. Sa capacité de concentration est «quasi-nulle» tandis qu'elle souffre de douleurs chroniques à ses sept côtes brisées et que les plaques utilisées pour reconstruire son visage «complètement cassé» la font souffrir. «Malheureusement, j'ai compris ce que c'est qu'une dépression aiguë», a-t-elle ajouté.
Dans son réquisitoire, la procureure a relevé la «culpabilité écrasante» du prévenu, son «détachement émotionnel et sa maîtrise de soi glaçante». «Il ne voulait pas seulement ôter la vie, il voulait arracher à coups de poing, de ciseaux, (...) de couteau, les attributs de sa féminité», a-t-elle déclaré, lui reprochant de «se réfugier misérablement derrière l'alcool».
De son côté, la défense a invité les juges à ne pas «uniquement prendre en considération l'émotion ressentie face à l'agression sauvage». Elle a souligné que la volonté du prévenu était de «rendre (la victime) incapable de séduire les hommes en s'en prenant à des endroits bien précis comme le visage et le sexe», mais «jamais (...) de tuer la femme qu'il aimait.» Il a aussi demandé de retenir la diminution de responsabilité, l'expertise psychiatrique ayant établi une «intoxication aiguë à l'alcool et une réaction paranoïaque de jalousie».
Antécédents
Selon la victime, le prévenu s'était déjà montré violent par le passé, ce qu'il nie. Son avocate a demandé une indemnité de 100'000 francs pour tort moral.
«Tous les jours je demande pardon à Dieu pour ce qui s'est passé. Je veux demander pardon à (la victime) et à ses enfants», a déclaré le prévenu à la fin de l'audience.