Le séisme au Maroc a fait 2012 morts et 2059 blessés, dont 1404 sont dans un état très grave, selon un nouveau bilan rendu public samedi soir par le ministère marocain de l'intérieur. La province d'Al Haouz est la plus touchée avec 1293 décès.
10.09.2023, 00:14
10.09.2023, 08:46
ATS
Le tremblement de terre de samedi, de magnitude 7 selon le centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir été mesuré au Maroc. Parmi les 2059 blessés, 1404 sont dans un état très grave, a précisé le ministère de l'intérieur.
La province d'Al-Haouz, où se situait l'épicentre du séisme, est la plus endeuillée avec 1293 morts, suivie par la province de Taroudant avec 452 morts. Dans ces deux zones situées au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech, des villages entiers ont été rasés par la secousse.
«J'ai tout perdu», se lamente Lahcen, un habitant du village de Moulay Brahim dans le Haut-Atlas, dont la femme et les quatre enfants ont été tués. «Je n'y peux rien maintenant. Je veux juste m'éloigner du monde, faire mon deuil», poursuit-il, prostré dans un coin.
«Des années» d'aide
Sur les hauteurs de ce village de quelque 3000 habitants, Bouchra sèche ses larmes avec son foulard en regardant des hommes creuser des tombes pour enterrer les défunts. «Les petits enfants de ma cousine sont morts», dit-elle, avant d'ajouter d'une voix nouée: «J'ai vu en direct les ravages du séisme. Je tremble encore. C'est comme une boule de feu qui a tout englouti sur son chemin».
Le cabinet royal a décrété un deuil national de trois jours et les dirigeants du monde entier ont exprimé leur effroi et leurs condoléances. Plusieurs pays, dont la Suisse, Israël, la France, l'Espagne, l'Italie et les Etats-Unis ont proposé leur aide. Même l'Algérie voisine, aux relations houleuses avec le Maroc, a ouvert son espace aérien, fermé depuis deux ans, aux vols transportant de l'aide humanitaire et des blessés.
Selon la Croix-Rouge internationale, les besoins d'aide du Maroc sont immenses. «Ce ne sera pas l'affaire d'une semaine ou deux [...] Nous tablons sur des mois, voire des années de réponse», a averti dans Hossam Elsharkawi, directeur pour le Proche-Orient et Afrique du Nord de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
«Ils sont encore sous les débris»
Le village de Tafeghaghte, à 60 km au sud-ouest de Marrakech, a été presque entièrement détruit par le tremblement de terre. L'épicentre ne se trouvait qu'à une cinquantaine de kilomètres.
«Trois de mes petits-enfants (12, 8 et 4 ans) et leur mère sont morts. Ils sont encore sous les débris. Il n'y a pas si longtemps, on jouait ensemble», déplore Omar Benhanna, 72 ans.
Samedi, de nombreux habitants se sont rendus au cimetière pour enterrer quelque 70 dépouilles. Les rites funéraires ont été ponctués par des cris et pleurs.
En soirée, des chaînes de télévision ont diffusé des images aériennes montrant des villages entiers aux maisons d'argile de la région d'Al-Haouz entièrement pulvérisés. «Les autorités publiques sont toujours mobilisées pour accélérer les opérations de secours et d'évacuation des blessés», a affirmé samedi soir le ministère de l'intérieur.
Outre à Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira. De nombreux habitants paniqués sont sortis dans les rues en pleine nuit, craignant l'effondrement de leurs logements.
Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960. Près de 15'000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient péri.